Le ministre des Affaires Etrangères, Rafik Abdessalem vient de faire l’objet dune nouvelle plainte déposée par les avocats de la bloggeuse Olfa Riahi, et ce, pour le motif de livraison de documents frauduleux de son état civil qu’il a présentés à la justice. Cette nouvelle plainte rentre dans le cadre de l’affaire du Sheratongate tel que l’a précisé maître Nasreddine Kellil, avocat d’Olfa Riahi sur les ondes de radio Jawhara FM aujourd’hui 1er février. Et il s’agit dans l’acte de la plainte de la falsification du nom du ministre des Affaires Etrangères dans les documents relatifs à son identité qui portent le nom de « Rafik Abdessalem Ben Abdessalem » et « Rafik Ben Abdessalem » alors que son nom inscrit dans les documents officiels tels que l’acte de naissance est « Rafik Bouchleka ». A souligner que dans les procédures judiciaires, les documents pris en compte sont ceux officiels et non ceux d’identité comme le passeport diplomatique du ministre qu’il a d’ailleurs présenté au cours de l’affaire du Sheratongate. Maître Kellil a précisé « qu’il y a là une contradiction dans l’identité juridique du ministre, ce qui détourne les procédures judiciaires normales de l’affaire. »
Blog Archives
Le pôle judiciaire contre les hommes d’affaires corrompus : garantit-il des procès équitables ?
1429 accusés, dont 90 sont détenus, 61 en fuite et 1278 en état de liberté, seront scrutés par le nouveau pôle judiciaire mis en place par le ministère de la Justice. Ces dossiers ne concernent que les affaires de corruption financière, sauf que le Procureur de la République, censé recevoir les plaintes pour ouverture d’enquêtes sur des hommes d’affaire et des responsables des secteurs
L’ancien ministre de l’Intérieur Abdallah Kallel inculpé dans une nouvelle affaire
Le juge d'instruction auprès du tribunal de première instance de Grombalia a émis un mandat de dépôt à l'encontre de l'ancien ministre de l'Intérieur Abdallah Kallel, détenu depuis 2011. Ce nouveau mandat de dépôt concerne la mort sous la torture, le 27 octobre 1991, trois jours après son arrestation, du militant du parti islamiste Ennahdha Rachid Chammakhi. Le même juge d'instruction avait émis, le 14 décembre, un mandat de dépôt à l'encontre des trois médecins et deux agents de sûreté. Les trois praticiens, accusé d'avoir produit de faux certificats de décès et d'avoir dissimulé les causes de la mort de Rachid Chammakhi, sont le professeur Sadok Sassi, chef du service de chirurgie de l'hôpital de Nabeul, Dr Abdessattar Halleb, chirugien de libre pratique, qui exerçait à l'hôpital de Nabeul au moment des faits, et Dr Ali Ayed, médecin de libre service. Abdallah Kallel, qui était également secrétaire général du Rcd (ancien parti au pouvoir dissous), ministre de la Défense et chef du cabinet de l'ancien président Ben Ali, est poursuivi dans plusieurs affaires, notamment celles de la gestion du Rcd et des militaires accusés injustement de complot (affaire dite de Barraket Essahel).
Le ministère de la Défense tomberait dans l’escarcelle d’Ennahdha !
Donné démissionnaire, le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi continue cependant de vaquer à ses occupations gouvernementales même s’il envisage sérieusement de rendre le tablier, et en a informé le chef du gouvernement, Hamadi Jbali, auquel il a proposé le nom de Abderrahman Ladgham comme successeur. Selon le journal Esssour, c’est le général Habib Ammar qui a persuadé Abdelkrim Zbidi de ne pas quitter le gouvernement, d’autant que le ministre compte parmi « les meilleurs compétences » dans le pays. D’après la même source, les propos tenus par Rached Ghannouchi, dans la vidéo fuitée, au sujet de l’armée ont amené Ennahdha à voir d’un mauvais œil le maintien au poste de ministre de la Défense de Abdelkrim Zbidi, lequel a, par ailleurs, un vieux contentieux avec Moncef Marzouki , qui date du temps où Zbidi était président de l’université du Centre et Marzouki enseignant à la faculté de médecine. La même source estime que le départ de Zbidi du ministère de la Défense signifie pratiquement que ce ministère tombera ipso facto dans l’escarcelle du mouvement Ennahdha, même si le successeur pressenti, à savoir Abderrahman Ladgham appartient au parti Attakatol.
Tunisienne violée par les flics : Les détails d’un crime
Le Conseil National des Libertés en Tunisie organisait samedi dernier une conférence de presse autour de la violence policière de l’après révolution. Dans son dossier de presse, le CNLT revient sur plusieurs affaires de torture, de viol et de violence perpétrées par le corps policier. Le dossier de presse (téléchargeable en arabe ici) est distribué en avant-goût d’un rapport en cours d’élaboration et qui verra le jour sous peu en version arabe et française. Parmi les affaires soulevées par le CNLT, l’histoire de ce viol dont a été victime une jeune tunisienne il y a à peine deux semaines. Le dossier revient sur les détails d’un crime alarmant d’une brutalité et d’une sauvagerie obscènes. Ci-après la traduction française du récit des faits révélés par le CNLT : “Dans la nuit du 3 au 4 septembre, aux alentours de minuit, la victime et son fiancé se trouvent dans leur voiture dans une situation normale et décente, contrairement aux déclarations très controversées du porte-parole du Ministère de l’Intérieur qui avait avancé que la victime et son compagnon étaient dans une situation indécente ou encore immorale (traduction littérale) au moment des faits dans une rue de Ain Zaghouane. C’est alors qu’un véhicule civil s’approche d’eux. Trois hommes en descendent et procèdent directement à l’ouverture des portières de la voiture leur demandant de descendre et déclarant qu’ils font partie du corps policier rattaché au poste de police « Les Jardins de Carthage » situé à Aïn Zaghouan. Tout de suite après, les policiers menottent le compagnon de la victime et emmènent cette dernière vers leur véhicule. Puis l’un des agents de l’ordre revient vers le fiancé, le fait remonter dans sa voiture et l’éloigne du lieu de l’arrestation en conduisant lui-même. Entretemps, les deux autres policiers font monter la jeune femme dans leur véhicule et lui demandent ce qu’elle est en mesure de leur offrir. La jeune femme rétorque qu’elle dispose de 40 dinars et qu’elle est prête à leur donner l’argent. Les deux agents se moquent alors d’elle et l’informent qu’elle va leur offrir autre chose. La victime est alors placée sur la banquette arrière. Un agent la rejoint à l’arrière du véhicule tandis que l’autre reste au volant observant son collègue en train de procéder au viol. Ce dernier ordonne à la jeune femme de ne pas crier et de pleurer en silence. Une fois le viol terminé, les deux agents s’échangent les places et c’est au tour du second de procéder au deuxième viol. Pendant que la victime se fait violer, le troisième agent qui avait éloigné le fiancé de la scène du viol interroge ce dernier. L’agent le menace de lui coller un procès pour adultère s’il ne lui file pas la somme de 300 dinars. Le fiancé de la victime rétorque alors qu’il ne possède pas la somme. L’agent lui propose de le conduire à un distributeur automatique de billets pour retirer l’argent, ce que le jeune homme accepte de faire. Cependant, ce dernier ne parvient pas à retirer la somme. Le policier lui retire alors sa carte d’identité et son permis de conduire et lui demande de ramener l’argent le lendemain pour pouvoir récupérer ses papiers. Il le reconduit ensuite au lieu de l’arrestation où stationne le véhicule des deux autres agents. Lorsqu’il descend de la voiture, le compagnon de la victime voit que sa fiancée est encore à l’intérieur du véhicule des forces de l’ordre. Il tente alors d’agresser physiquement les deux policiers. Pour l’en empêcher, l’un des agents tente de faire usage de gaz paralysant mais le fiancé parvient à lui arracher le dispositif. A ce moment, les policiers négocient avec lui afin d’échanger le dispositif à gaz contre ses papiers et sa fiancée. Ce qui fut. Une fois le couple remonté dans leur véhicule, la jeune femme raconte les faits à son compagnon qui décide de l’emmener à la clinique du Lac où elle est auscultée de suite. Le viol est médicalement avéré. La clinique contacte alors la police conformément à la procédure. La victime et son fiancé sont convoqués le 4 septembre 2012 au tribunal de première instance, 3ème étage, siège de la sous-direction de la prévention sociale (police judiciaire) où ils sont confrontés à leurs agresseurs. La victime et son fiancé sont gardés pendant 7 heures. Ils sont humiliés et subissent une forte pression afin de les obliger à abandonner la plainte. La victime, en raison du choc psychologique, décide d’abandonner les poursuites et un procès verbal est rédigé dans ce sens. Une fois sortis du poste de police, la victime et son compagnon se dirigent directement chez un avocat et portent plainte auprès du Ministère Public.”
Tunisie 2012 : un Etat défaillant?
Un Etat défaillant est le terreau par excellence de la violence, de l’extrémisme, du terrorisme et du crime organisé. Est si on y était déjà dans cette Tunisie postrévolutionnaire? L’histoire nous enseigne que dès qu’un pouvoir politique choisit une orientation idéologique stricte – particulièrement dans le domaine religieux – pour la conduite des affaires publiques, il inaugure une phase de déclin de l’Etat avec tout ce que cela implique en terme de difficultés politiques, économiques et sociales. Si, en plus, les institutions publiques sont ignorées ou instrumentalisées par quelques groupes ou individus qui gravitent autour du pouvoir et que les services publics sont absents, l’insécurité et la corruption se généralisent et l’arbitraire devient quasiment la norme dans la gestion de la vie publique: nous sommes alors devant les prémices d’un Etat défaillant. Un schéma qui s’applique malheureusement à la Tunisie de 2012. En effet, en l’absence d’un réel programme politique et faisant de l’identité arabo-musulmane leur fondement idéologique – voire leur mythe fondateur –, le parti islamiste Ennahdha («renaissance») et ses supplétifs dits de gauche, confortablement installés au pouvoir, ont précipité en quelques mois la Tunisie dans un statut d’Etat défaillant, alors que ce pays avait fait un saut gigantesque en quelques décennies d’indépendance seulement, notamment en bâtissant des institutions républicaines dignes de ce nom et qui avaient relativement bien fonctionné malgré la dictature. Voyons pourquoi le pays remplit désormais les critères d’un Etat défaillant. Insécurité et règne de milices Les nouvelles quotidiennes et les faits divers en Tunisie indiquent clairement que, loin d’assurer à la Tunisie un développement économique, social et culturel, le pouvoir n’assume même plus sa fonction essentielle, qui est celle de protéger ses citoyens et de faire régner l’ordre et la sécurité au pays. Les attaques répétées contre des citoyens, des journalistes, des intellectuels, des artistes et même des touristes par des groupuscules extrémistes violents, qualifiés par plusieurs milices du régime, en disent long sur l’incapacité du pouvoir à contrôler le pays et la vie publique et à faire respecter la loi, l’ordre et la sécurité. Plusieurs affirment même qu’il s’agit de complicité des autorités vis-à-vis de ces agissements criminels, qui se déroulent sans intervention des forces de l’ordre, ce qui pourrait signifier la dégénérescence du pouvoir en groupe mafieux usant de violences, d’intimidations et de règlement de compte afin d’asseoir son autorité et se maintenir en place. Nous sommes donc en présence d’un appareil sécuritaire parallèle, agissant comme un Etat dans l’Etat et qui, en plus, bénéficie systématiquement d’une impunité totale. Face à cette corruption sécuritaire, l’idée de recours à une protection privée ou la constitution de milices privées fait son chemin au sein de la population terrorisée par le sentiment d’insécurité, avec tous les risques que cela engendre. Trafic en tout genre et corruption généralisée Tout observateur constate de plus en plus la prolifération de trafic en tout genre: marchandises, combustibles et même armes de contrebande se négocient dans la plupart des régions du pays, surtout dans les zones frontalières, dont une partie échappe totalement au contrôle des autorités. Parfois même, ce sont les autorités qui participent au détournement de fonds et au trafic d’importantes sommes d’argent dont la provenance et l’usage sont douteux – hors même des frontières tunisiennes –, ce qui constitue une déliquescence caractérisée du rôle d’un Etat. Le clientélisme et le népotisme fleurissent de plus belle avec le noyautage des institutions et l’utilisation des fonds publics à des fins partisanes. Les nominations au sein des administrations publiques sont de plus en plus nombreuses; elles atteignent désormais tous les échelons et se font toujours dans l’opacité totale. Cette corruption atteint même l’aide de l’Etat aux plus démunis, devenue sélective selon l’allégeance au parti islamiste et contre promesse de soutien à ce parti de la part de ceux qui sont dans le besoin. Pratique qui semble même devenir une norme et presque un moyen normal de bénéficier des dividendes d’un pouvoir qui ne reconnaît ni reddition de compte ni transparence. On est loin du concept d’Open Government que certains ont voulu implanter en début de mandat. Institutions instrumentalisées et biens publics bradés Alors que les Tunisiens s’attendaient à une justice transitionnelle constructive afin de tourner la page de la dictature et regarder vers l’avenir en inaugurant une nouvelle ère de démocratie, de liberté et de justice sociale, les autorités en place traduisent devant les tribunaux, dans un déni total du droit, universitaires, journalistes, intellectuels et artistes sous des prétextes futiles que seul le pouvoir décrète. L’intimidation, la menace et l’arbitraire sont désormais la règle afin de faire taire tous ceux qui contestent le pouvoir islamiste ou contreviennent à ses dictats idéologiques. La violence policière reprend de plus belle. Entretemps, sans même disposer d’une légitimité directe du peuple pour gouverner le pays, le pouvoir agit comme propriétaire des biens publics et brade entreprises publiques, domaines de l’Etat et richesses naturelles au profit de puissances étrangères, dans l’absence totale de transparence et au mépris de toutes les règles usuelles des échanges internationaux. Difficile de savoir si cette générosité constitue un «cadeau de fraternité islamique» pendant que le pays s’enfonce dans la crise, la pauvreté, l’insécurité et l’instabilité. Ou si elle fait suite à un marchandage abject contre des services rendus ou à rendre. Services publics défaillants ou invisibles Au fil des mois, trop occupé par des manigances et des tactiques à investir tous les domaines et se maintenir aux commandes le plus longtemps en semant la terreur, ce pouvoir a failli même à ses obligations les plus élémentaires. Le pays s’est transformé en dépotoir à ciel ouvert et aucune ville n’échappe au désastre des poubelles qui remplissent la voie publique, avec tous les risques sanitaires que cela représente. Les autorités municipales, pour la plupart placées par le pouvoir islamiste, ne s’en occupent guère. Il n’est pas étonnant dans ce contexte de voir poindre le choléra ou la peste des ruminants, marqueurs de pauvreté que le pays n’avait jamais connus jusque-là. Ajoutons à cela, les coupures sporadiques de l’électricité et de l’eau courante dans plusieurs villes et régions, sans aucune explication convaincante de la part des autorités qui, souvent, ne rétablissent ces services que lorsque les citoyens recourent au blocage de routes ou d’établissements publics, dans un rapport de force qui confirme la métamorphose de la vie publique en une jungle où la force compte plus que le droit. Les forces de l’ordre ne font pas mieux, ne donnant le plus souvent aucune suite aux appels à l’aide de la population, notamment lorsqu’il s’agit d’attaques d’innocents par les groupes de fanatiques hystériques. Perte de crédibilité et mise en cause de légitimité L’absence d’échéance électorale clairement établie durant la phase transitoire que vit le pays ne peut qu’éveiller les soupçons d’un éventuel coup d’Etat d’un nouveau genre que l’alliance tripartite au pouvoir fomenterait en secret. En effet, les membres de cette alliance de circonstance ont tous trahi leurs électeurs avec de fausses promesses et berné la population qui leur a accordé sa confiance aux élections du 23 octobre 2011. Ils ont adopté un programme et une attitude littéralement à l’opposé de leurs déclarations et engagements au point de perdre toute crédibilité auprès d’une majorité de la population. L’Assemblée nationale constituante (Anc) ne fournit guère une meilleure image. Dix mois après son élection, cette assemblée sombre dans le verbiage stérile et les discussions inutiles et n’a rien accompli de sa mission de base qui est d’élaborer une nouvelle constitution moderne et civile pour le pays, hormis un préambule de constitution sous forme d’un médiocre pamphlet idéologique correspondant plutôt à un système politique primitif. Tous ces facteurs font en sorte que la légitimité de ce pouvoir, faible et précaire dès ses débuts est désormais très contestée, au point que plusieurs réclament ni plus ni moins que le départ de ce pouvoir le 23 octobre 2012, conformément à l’engagement écrit de la plupart des partis avant même de se lancer dans la campagne électorale de 2011. Nouvelles menaces qui planent sur la région La Tunisie n’a jamais connu une combinaison de toutes ces défaillances pendant toutes les décennies qui ont suivi son indépendance en 1956. La rupture tant annoncée avec la dictature et ses pratiques s’est plutôt faite avec les acquis modernistes, le parcours historique du pays et ses spécificités culturelles, et avec ce qui reste de cohésion sociale. La seule «renaissance» réalisée à ce stade par le parti islamiste au pouvoir est celle du sous-développement sur tous les plans. La dégradation de la situation du pays, l’absence de date butoir officielle pour une alternance pacifique au pouvoir, ainsi que l’existence de zones du territoire tunisien qui échappent au pouvoir et vivent dans une situation de quasi rébellion transforment – de facto – le pays en un Etat défaillant selon les définitions reconnues. Un militant des droits de l'homme agressé par des saafistes à Bizerte. Et, comme un Etat défaillant est le terreau par excellence de la violence, de l’extrémisme, du terrorisme et du crime organisé, auxquels s’ajoutent la complicité d’un pouvoir qui ne semble pas reconnaître la citoyenneté ni l’Etat-nation comme base de construction des sociétés et des institutions modernes, on est en droit de craindre le pire, surtout avec la prolifération de groupuscules fondamentalistes violents dans la région qui menacent la sécurité et la stabilité de toute la Méditerranée occidentale.
Ennahdha condamne, Lotfi Zitoun accuse… le ministère de l’Intérieur ne suit pas
Une voiture de location, de type Kia roulant à grande vitesse, a foncé, samedi 1er septembre 2011, dans la foule d’environ 2.000 personnes, lors d'une manifestation organisée par le comité local de protection de la révolution à Menzel Chaker (Sfax), présidée par Lotfi Zitoun, causant 2 blessés, selon une déclaration de Mohamed Ali Aroui, porte-parole de la direction générale de la sûreté nationale. Deux personnes ont été arrêtées, à la suite d’une course poursuite, a-t-il indiqué. L’enquête préliminaire a révélé que les deux individus étaient en état d’ébriété et qu’ils n’ont aucune appartenance politique, a-t-il ajouté, précisant qu’ils sont actuellement en détention pour complément d’enquête. On note que M. Aroui n’a pas précisé si cette manifestation a été autorisée ou non En outre, le bureau régional d’Ennahdha à Sfax a publié, dimanche 2 septembre 2012, un communiqué dans lequel il a condamné fermement cet acte «criminel» le considérant comme étant prémédité et délibéré «rappelant les pratiques de l’ancien régime». Dans ce document, le bureau affirme que «le peuple continuera son militantisme» l’incitant à poursuivre son combat. Il a également «appelé toutes les parties prenantes à Sfax à collaborer pour contrecarrer ces plans criminels et démasquer leurs auteurs. Pour sa part, et comme d’habitude, Lotfi Zitoun a accusé, dans une déclaration à Mosaïque Fm certains médias d’être les instigateurs de cet acte, dans le sens où ces médias accusent le gouvernement de menacer la liberté d’expression. Il a appelé, dans ce contexte, «les journalistes honnêtes» d’appeler à l’arrêt de cette «campagne de dénigrement» et de se distinguer des «journalistes corrompus qui mettent les vies des citoyens et des dirigeants en danger». En résumé, pour M. Zitoun, les médias qui publient des articles critiquant le «programme gouvernemental d’anti corruption » sont des «médias corrompus et antirévolutionnaires» qui ont peur de la publication de la liste noire des journalistes RCDistes. Le conseiller a achevé sa déclaration sur une nouvelle menace de publier cette liste.
Chômage, insécurité, libertés en péril : en Tunisie, c’est le temps des regrets
Chômage, insécurité, flambée des prix, corruption, services publics défaillants, libertés menacées... Face aux difficultés et aux craintes qui s'amoncellent, les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à exprimer dépit, colère, voire nostalgie. « Ben Ali ! Ben Ali ! » Ben Ali ? A-t-il bien ouï le nom honni, ce témoin qui a rapporté au journal Al-Jarida avoir entendu acclamer le nom du président banni ? Ce 26 juillet, à Sidi Bouzid, foyer de la révolution, un groupe d'ouvriers réclamant à grands cris le versement de leurs arriérés de salaires étaient rejoints par des dizaines d'habitants furieux contre les nouvelles autorités. « C'était mieux avant... » : un an et demi après la mise à mort de la dictature, la formule semble faire partout florès. Début mai, un sondage de l'agence Sigma Conseil et du Maghreb Magazine annonçait que 41,7 % des Tunisiens jugent que la situation était meilleure sous l'ère du raïs « dégagé »... La Tunisie postrévolutionnaire serait-elle devenue à ce point cauchemardesque qu'un nombre croissant de ses fils se mettent à rêver la vie en mauve, couleur fétiche de Ben Ali ? Le 24 mai, le blogueur et caricaturiste tunisien Z s'épanche en ligne : « J'avoue en avoir ras la casquette de me lamenter encore sur ce qui se passe au pays. Mais ce qui m'insupporte le plus ces derniers jours, ce sont les nostalgiques de Zaba [Zine el-Abidine Ben Ali, NDLR] - de plus en plus nombreux -, qui ne veulent toujours pas comprendre que leur Zaba est parmi nous, autant que les salafistes, les nahdhaouis et tous ceux qui composent ce cercle vicieux... » Redoutée dès le 15 janvier 2011 sous la forme d'un retour subreptice des ex-RCDistes, la contre-révolution a finalement pris, pour nombre de militants ou simples gens, le visage des islamo-conservateurs d'Ennahdha. « À la contre-révolution qu'incarne Ennahdha, certains répondent par l'antérévolution et réagissent - comme dans de nombreuses révolutions - par l'appel à la restauration, diagnostique Fethi Benslama, psychanalyste et professeur à l'université de Paris-VII. Pour moi, il s'agit d'une réaction de dépit, plutôt que de nostalgie, devant le fait que la classe politique n'a pas été à la hauteur de la révolution. C'est une parole de colère, d'impatience et de représailles : "Vous avez tellement échoué que nous en venons à regretter l'ordre de Ben Ali." Quelle gifle ! » L'échec du gouvernement dominé par les islamistes, les Tunisiens le constatent quotidiennement. L'échec du gouvernement dominé par les islamistes, les Tunisiens le constatent quotidiennement : l'insécurité perdure, les déchets envahissent les rues, les prix flambent, les ouvriers des chantiers publics peinent à obtenir leurs arriérés de salaires, l'eau et l'électricité subissent des coupures inédites, et cet hiver, en pleine vague de froid, c'était le gaz qui faisait défaut... Les services fondamentaux, que l'État a le devoir de garantir à ses citoyens, font défaut. Prédateur, l'État benaliste s'efforçait au moins d'assurer un service public décent, ce qui ne semble plus être une priorité. Illustration kafkaïenne de l'incurie des autorités, la réflexion du chef du gouvernement qui, le 13 juillet, s'indignait devant un amas d'ordures : « Où est le gouvernement ? » Sidi Bouzid à la pointe de la contestation Sidi Bouzid, berceau de la révolution, et désormais de la contestation sociale. Le chômage, la vie chère, la marginalisation des régions centrales et la corruption y avaient poussé la jeunesse à se révolter, et le feu de la contestation s'était propagé à l'ensemble du territoire. Mais en août 2012, ces fléaux se sont aggravés. Le 30 juillet, Michael Ayari, de l'International Crisis Group (ICG), rappelle au gouvernement les raisons pour lesquelles il a été porté au pouvoir : « Afin de contenir la colère populaire, le Premier ministre, Hamadi Jebali, et son équipe gagneraient à s'attaquer à trois problèmes majeurs. En premier lieu la question du chômage [...]. En deuxième lieu, le gouvernement devrait réduire les inégalités régionales [...]. Enfin, il devrait prêter attention à la réorganisation des réseaux de corruption [...]. » Le problème, c'est que tous ces chantiers nécessitent du temps... La preuve de son impuissance. Pour nombre de Tunisiens, voilà ce qu'a su démontrer le gouvernement en sept mois de gestion. Une incapacité à s'attaquer aux vrais problèmes qui trahit un manque de compétences et d'expérience. Le 30 juin, la démission de Mohamed Abbou, ministre de la Réforme administrative, et celle, le 27 juillet, du ministre des Finances, Houcine Dimassi, deux personnalités aux qualités reconnues, ont sérieusement entamé le crédit du gouvernement, le premier reprochant à Hamadi Jebali de ne pas tenir ses engagements en matière de lutte contre la corruption, le second avouant son impuissance à faire accepter les mesures économiques impératives qu'il préconisait. Autre motif avancé pour expliquer le remplacement de Nabli à la Banque centrale : la cacophonie qui règne parmi la troïka exécutive. Autre raison de la démission de Dimassi, le limogeage « arbitraire et injuste » du gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, le 18 juillet, remplacé par Chedly Ayari, personnage docile qui ne devrait pas s'opposer aux politiques dépensières voulues par le Premier ministre. Autre motif avancé pour expliquer le remplacement de Nabli : la cacophonie qui règne parmi la troïka exécutive, composée du président Moncef Marzouki (Congrès pour la République), du Premier ministre Hamadi Jebali (Ennahdha) et du président de l'Assemblée Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol). Toutefois, souligne Fethi Benslama, sans la révolution, jamais l'opinion n'aurait pu être au courant de telles frictions. « Contrairement à ce qui se passait sous Ben Ali, les gens sont maintenant très informés, et ce dévoilement les place face à des situations ahurissantes qui existaient sous Ben Ali, mais dont ils ne se doutaient pas. Aujourd'hui, ils constatent l'absence de tout discours cohérent de la part de la troïka au pouvoir, qui dit chaque jour une chose et son contraire. Qu'en reste-t-il ? L'impression de chaos », note-t-il. Face à ce chaos, qui lui ne semble pas transitoire, certains sont tentés d'invoquer l'ordre ancien, mais, pour d'autres, le désordre prélude à l'instauration d'une nouvelle dictature, celle des islamistes d'Ennahdha : à leurs yeux, le pouvoir qui se construit en ce moment, bien que d'une autre couleur idéologique, est de même nature que le régime renversé. Le président Marzouki a eu cette phrase devant les parlementaires le 25 juillet. « Le peuple qui vous a élus n'acceptera pas une démocratie de façade, il pourrait alors être poussé à une nouvelle révolution. » Anciennes méthodes benalistes Pour ses détracteurs, nombre de pratiques du nouveau pouvoir rappellent les anciennes méthodes benalistes. En matière de corruption, l'ICG s'alarme : « Une sorte de "réveil des intermédiaires" - ces fonctionnaires de moyen rang corrompus - très préoccupant semble se produire. » Le népotisme pratiqué par le parti islamiste est également dénoncé, son incarnation étant le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem - gendre du leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi -, passé maître dans l'art des bourdes à répétition. Des sympathisants sont placés à la tête de gouvernorats, à des postes importants de la justice, à la direction de médias publics en passe de redevenir médias d'État. Et la police benaliste, après un mea culpa postrévolutionnaire, n'a toujours pas renoncé à ses méthodes musclées mises au service de l'idéologie au pouvoir : ceux qui hier traquaient les barbes trop longues et les voiles trop intégraux s'en prennent parfois aujourd'hui aux porteuses de jupes trop courtes et aux buveurs de bière. L'atteinte au sacré selon Ennahdha va-t-elle supplanter l'atteinte à la sûreté selon Ben Ali ? Acquis fondamental et réel de la révolution, la liberté d'expression est de nouveau menacée, mais dans un autre registre. L'atteinte au sacré selon Ennahdha va-t-elle supplanter l'atteinte à la sûreté selon Ben Ali ? Le 1er août, le parti islamiste a déposé un projet de loi la criminalisant et prévoyant jusqu'à deux ans de réclusion pour les contrevenants, et quatre en cas de récidive. Telle sévérité contraste avec l'indulgence des autorités pour les jeunes salafistes qui n'hésitent pas à faire valoir leurs convictions par la violence. « Ce sont nos enfants, il faut leur expliquer calmement ce qu'est la démocratie et ce qu'est la loi », explique Rached Ghannouchi. Des enfants qui n'hésitent pas à battre femmes, journalistes et avocats, à occuper les universités ou encore à saccager bars et débits de boissons. Début juin, leurs excès ont culminé avec les émeutes provoquées par l'exposition d'oeuvres jugées sacrilèges au palais d'El-Abdelliya, à La Marsa. Le gouvernement, qui, pour une fois, a pris des mesures pour rétablir l'ordre, n'a pas eu de mots assez durs pour condamner... les artistes. Pour ses opposants les plus critiques, ces extrémistes sont manipulés par Ennahdha, qui s'en sert comme Ben Ali utilisait ses nervis. Aujourd'hui, tout un peuple de libéraux, de démocrates, de modernistes, de gauchistes et de féministes partage l'impression d'un grave retour en arrière. Au-delà des dangers qui pèsent sur le bien-être économique et social, et sur les libertés durement arrachées, c'est l'identité nationale même de la Tunisie qui est, selon eux, menacée. Les cortèges révolutionnaires de l'hiver 2011 resplendissaient des couleurs nationales, mais, en 2012, c'est surtout la bannière noire des salafistes qui voile la plupart des manifestations. Enfin, la place privilégiée accordée aux États du Golfe et notamment au Qatar par les autorités est également très mal perçue par une partie de la population, qui voit avec appréhension son pays s'inféoder à des puissances dont on ne peut guère dire qu'elles sont des parangons de démocratie. « Les Tunisiens ont l'impression qu'on laisse s'étioler leur sentiment d'appartenance à la nation tunisienne, remarque Fethi Benslama. Un juriste parlait de déconstruction de l'État tunisien. Mais l'objectif des islamistes de défaire l'État national fondé par Bourguiba se heurte à l'exigence de ceux qui veulent le retour de l'État et des fondamentaux qu'il est censé assurer. » Marouane Mabrouk répond Dans notre enquête consacrée aux avoirs du clan Ben Ali (voir J.A. no 2690), nous avons écrit qu'un avion appartenant à Marouane Mabrouk, gendre de l'ex-président, faisait partie des « biens illicites appartenant à Ben Ali et aux familles qui lui sont proches » récupérés par la Tunisie. Marouane Mabrouk nous a contactés pour répondre à ces accusations et apporter les mises au point suivantes : il n'est propriétaire d'aucun avion et ne possède aucun bien acquis de façon illicite. Un an et demi après la révolution, il n'a été l'objet d'aucune condamnation. « C'était mieux avant », « Ben Ali ou nahdhaouis, c'est la même chose » ou « ce qui nous attend demain sera pire que tout » : les Tunisiens déçus par la transition ne manquent pas d'arguments pour justifier ces trois perceptions, mais très rares sont ceux qui pousseraient le raisonnement jusqu'à souhaiter sincèrement le retour de l'autocrate. « Il ne faut jamais souhaiter le retour d'une dictature pour en éviter une autre », insiste l'activiste Lina Ben Mehnni sur son blog. Une attitude qui, pour Fethi Benslama, relèverait d'un défaitisme à proscrire. « Le but de la révolution était d'abolir le mépris et l'humiliation, et de rétablir la dignité collective et individuelle à travers le principe du droit d'avoir des droits. Ces objectifs sont atteints pour le moment. Ce n'est pas la révolution qui échoue, mais l'après-révolution, ce qu'on appelle la transition », conclut-il.
Tunisie – Bilan des biens confisqués de la liste des 114 du Clan Ben Ali
Quelque 268 biens immobiliers enregistrés, 25 mille biens mobiles et 168 voitures luxueuses ont été saisis, a révélé, mardi 12 juin 2012, le président de la Commission de confiscation Néjib Hannen. La commission a, également, mené une enquête sur 300 autres biens immobiliers enregistrés, a-t-il ajouté.
Nomination du président de l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption
Créée en novembre 2011, l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption n’a pu débuter sa mission que quatre mois plus tard avec la nomination de son président.