Abdelbasset Ben M'barek, l’un des avocats de la défense des 4 détenus impliqués dans les évènements de l'ambassade US survenus le 14 septembre 2012, a déclaré que deux des détenus ont entamé une grève de la faim depuis plus de 8 jours après avoir été agressés en étant détenus dans une cellule collective. L'avocat a en outre condamné les conditions pitoyables dans lesquels sont détenus ses clients et a souligné qu'ils sont interdits de visite, de douche et de changer leurs vêtements.
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Viol, gouvernement complice?
Rappel des faits: Une jeune fille violée par des policiers le 3 septembre et qui se retrouve aujourd’hui poursuivie pour atteinte à la pudeur avec son fiancé, puisque selon le ministère de l’Intérieur, le couple aurait été surpris dans une « position portant atteinte à la morale ». Le 2 octobre, le couple devra se rendre devant le juge d’instruction pour être interrogé. Ils risquent jusqu’à six mois de prison. Pour maître Bochra Belhaj Hmida, l’avocate de la victime, « le gouvernement a une responsabilité politique et morale » dans ce qui est arrivé puisqu’il laisse passer les abus de la police. Ce que confirment plusieurs ONG qui dénoncent un changement de comportement de la police à l’égard des femmes depuis l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir. Plusieurs femmes ont porté plainte ou témoigné avoir été harcelées pour leur tenue vestimentaire ou lors de sorties nocturnes.
Colère et indignation après le viol d’une femme par des policiers
Indignation, colère et dégoût se lisaient sur tous les visages à Tunis lors d'un rassemblement de protestation organisé vendredi 28 septembre contre le sort d'une Tunisienne violée par des policiers et menacée de poursuites par la justice. Sous un tableau de femme nue à l'entrée d'un petit théâtre privé, militants, artistes, étudiants ou femmes au foyer se bousculaient vendredi soir pour dénoncer le viol qui a fait scandale en Tunisie. "Choquant, révoltant, dégoûtant!", crie une femme au foyer répondant à l'appel d'un collectif d'ONG féminine et de défense des droits de l'Homme. La jeune femme violée début septembre par deux agents de police alors qu'elle se trouvait avec son ami, a porté plainte avant de se voir convoquer par un juge pour "atteinte à la pudeur", un délit passible de six mois de prison. Selon le ministère de l'Intérieur, le couple a été appréhendé le 3 septembre dans une "position immorale". Deux agents avaient alors violé la femme pendant qu'un troisième retenait le fiancé menotté. Les trois policiers ont été incarcérés. "Je suis indigné par le cours que prend cette affaire et d'autant plus choqué de voir que les violeurs sont deux agents des forces de l'ordre censés protéger les citoyens. Le pire c'est que la victime se retrouve sur le banc des accusés", renchérit Jamel Bouslama, un médecin défenseur des droits de l'Homme. "Immense courage" Selon lui, "le gouvernement est gêné par l'immense courage de la jeune femme qui a osé porter plainte". Et de saluer "la vitalité de la société civile post-révolution qui lutte contre la violence qu'elle soit le fait de la police ou des salafistes". "Je viens partager un sentiment de profonde indignation et dénoncer les tentatives de justifier un acte infâme", lâche Lobna Jridi, députée de gauche à l'Assemblée nationale constituante, exprimant sa "stupeur de voir comparaître une femme victime de viol et torture sous prétexte d'atteinte à la pudeur". Silence brisé sur la violence faite aux femmes "Un verrou a sauté, le silence a été brisé autour de la violence faite aux femmes, mais aussi aux hommes, ajoute-t-elle, soulignant la responsabilité des élus à édicter des lois conformes à l'esprit de la révolution. "Je suis ahurie, de quelle pudeur parle-t-on pour justifier la sauvagerie de flics malades? Jamais plus je ne m'arrêterai à un contrôle policier", lance une une étudiante anonyme venue "saluer le courage" de la femme violée. Emna Mnif du mouvement Kolna Tounes évoque "une logique qui se confirme de jour en jour: à chaque fois que quelqu'un ose lever la tête ou contester il se transforme en accusé!", déplore-t-elle. "Dictature islamiste" "On a vraiment peur, c'est peut-être la partie visible de l'iceberg, parler de viol est difficile", lance l'actrice Martine Gafsi. "Nous devons lutter pour les libertés individuelles parce qu'il y a une dictature islamiste qui est en train de s'instaurer", met-elle en garde, dénonçant le harcèlement des femmes pour leur tenue vestimentaire ou leur mode de vie. Le ministère de la Justice a justifié les poursuites à l'encontre la femme violée et, au sein du gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahda, seule la ministre de la Femme, Sihem Badi (gauche), a franchement condamné le viol. "Être fidèle à la révolution, c'est apporter protection et assistance à la victime", a-t-elle indiqué, louant le courage de la victime pour avoir dénoncé ses agresseurs. Pour Raja Ben Slama, universitaire féministe, "il faut séparer le juridique du moral, sinon c'est le fascisme qui s'installe". Le 2 octobre, la jeune femme violée et son compagnon se rendront de nouveau devant le juge d'instruction, alors les ONG locales et internationales ont appelé à l'arrêt des poursuites les concernant.
Ennahdha “responsable des agressions policières contre les femmes” ?
L’avocate d'une jeune femme violée par deux policiers soutient que le gouvernement tunisien est "responsable moralement et politiquement des agressions policières contre les femmes". Sa cliente, inculpée "d'atteinte à la pudeur", a quant à elle fait part de sa stupeur de se retrouver sur le banc des accusés, en compagnie de ses agresseurs. Me Bouchra Belhaj Hmida n'y va pas par quatre chemins. « Le gouvernement tunisien dominé par les islamistes d'Ennahdha est responsable moralement et politiquement des agressions policières contre les femmes », a déclaré le 27 septembre cette avocate d'une jeune-femme violée par deux policiers, au début du mois. Si « les violences policières ne sont pas organisées » poursuit-elle, « le discours du parti [Ennahdha] vis-à-vis des femmes a préparé le terrain. (...) Depuis le 23 octobre 2011 [et l'arrivée au pouvoir des islamistes], il y a plein d'affaires de harcèlement sexuel, moral et financier de la part des flics. Lorsqu'ils voient une femme moderne, une femme tunisienne, ils estiment être en droit de demander des comptes et des femmes victimes sont ensuite condamnées », s’est elle indignée. "Position immorale" En Tunisie, le scandale est énorme. Bien que les trois policiers impliqués dans l'agression - un agent qui retenait le fiancé de la victime et ses deux collègues, qui la violaient - aient été incarcérés, la jeune femme et son ami sont, eux aussi, poursuivis par la justice tunisienne, pour atteinte à la pudeur et voies de fait. Mercredi 26 septembre, plusieurs ONG ont dénoncé cette affaire de viol et ses prolongements judiciaires dans un communiqué. Le ministère de l'Intérieur affirme que le couple, qui encourt six mois de prison, a été surpris dans une voiture dans une « position immorale » par les forces de l’ordre, juste avant le viol. Une confrontation entre la victime et les violeurs a eu lieu mercredi. Me Bouchra soutient que les échanges se sont « bien passés », sans s’étendre davantage, invoquant le secret de l'instruction. Le 2 octobre, le couple est à nouveau convoqué devant le juge d'instruction, afin d’être entendu. "Je pensais être la victime, pas l’accusée." Par ailleurs, la victime, qui souhaite rester anonyme, a raconté son viol, qui se serait accompagné d’une tentative d’extorsion de fonds visant son fiancé, au journal tunisien Al Chourouk. « Je n'aurais jamais cru que j'allais être appelée au tribunal en tant qu'accusée. Je pensais être la victime, pas l'accusée », s’est-elle indignée. « Je ne vais pas renoncer [à ma plainte] après avoir été humiliée de cette façon, a toutefois assuré la jeune femme. Elle se défend également de s’être trouvée dans une position compromettante avec son ami, dans leur voiture, lorsque les policiers ont fait irruption : « ce n'est pas vrai, quand ils sont venus, j'étais habillée », affirme-t-elle. Harcèlement quotidien Plusieurs ONG ont déjà dénoncé le comportement de la police à l’égard des femmes, qui seraient régulièrement harcelées pour leur tenue vestimentaire ou lors de leurs sorties nocturnes, depuis que les islamistes d'Ennahdha sont arrivés au pouvoir, il y a bientôt un an. De son côté, le ministère de l'Intérieur tente de minimiser ces agressions et assure qu'il ne s'agit que de cas isolés. Ces affaires inquiètent les associations féministes alors que les Tunisiennes bénéficient du statut le plus moderne du monde arabe, depuis la promulgation du Code de statut personnel (CSP) en 1956, sous Bourguiba. Très progressiste, ce texte instaurait notamment l'égalité des sexes dans plusieurs domaines et proclamait l’interdiction de la polygamie et de la répudiation. Ennahdha avait proposé d'inscrire dans la nouvelle Constitution la complémentarité des sexes en lieu et place de leur égalité. Cependant, devant le large mouvement de contestation provoqué par cette initiative, le parti islamiste a fait marche arrière, abandonnant définitivement le projet de texte, le 24 septembre.
Elle porte plainte pour viol contre deux policiers et se voit inculpée “d’atteinte à la pudeur”
Si les femmes tunisiennes bénéficient d'une protection légale sans équivalent dans le monde arabe, la réalité est souvent bien difficile. Pour preuve, ce nouveau scandale qui défraie la chronique : une jeune-femme violée par plusieurs policiers a été inculpée jeudi 26 septembre "d'atteinte à la pudeur et de voies de fait". Explications. L’affaire fait grand bruit dans le monde des défenseurs des droits et des libertés en Tunisie. Mercredi 26 septembre, plusieurs ONG, dont l'Association tunisienne des femmes démocrates et la Ligue tunisienne des droits de l'homme, ont dénoncé dans un communiqué les poursuites engagées par un juge d’instruction contre une jeune-femme, inculpée d'atteinte à la pudeur et de voies de fait. Plus tôt dans la journée, celle-ci avait été convoquée par le juge avec son fiancée, pour être confrontée à deux policiers contre lesquels elle avait porté plainte pour viol et qui ont été incarcérés. Mais elle s’est retrouvée également en position d’accusée. Les ONG dénoncent « une procédure qui transforme la victime en accusée, qui vise à la terroriser et à l'obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits ». Et de mettre en cause « le sérieux de l'engagement du gouvernement à appliquer le plan national de lutte contre la violence faite aux femmes ». De son côté, le gouvernement dément une quelconque intervention de sa part dans l’affaire. « Nous nous sommes comportés comme il fallait. Ce qui devait être fait a été fait, les trois agents ont été arrêtés tout de suite », a réagi le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarrouche. Retour sur les faits. Scandale Selon la jeune femme victime du viol, elle était dans une voiture avec son fiancé lorsque trois policiers les ont abordés. Deux d'entre eux auraient violé la jeune femme pendant que le troisième tenait en respect son ami. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur avait alors déclaré que le couple avait été retrouvé par les policiers dans une position immorale. S’il avait précisé que cela ne justifiait pas le viol, ses déclarations avaient fait scandale. Selon les défenseurs des droits, l’affaire serait symptomatique d’un climat de harcèlement des policiers à l’égard des femmes, au motif de leurs tenues vestimentaires trop dénudées ou de leurs sorties nocturnes sans un homme de leur famille. Le gouvernement rejette cependant ces accusations. « Ce sont des actes isolés, il ne faut pas y voir quelque chose d'organisé ou de généralisé. Les policiers sont aussi des citoyens avant tout et lorsqu'ils commettent des fautes, on applique la loi sans équivoque », a assuré Khaled Tarrouche.
“On fera usage progressif de la force contre les manifestations interdites”(Porte-parole des forces de sécurité)
Le porte-parole des forces de sécurité Mohamed ALi Aroui a déclaré ce vendredi 21 septembre sur les ondes de ShemsFM que " les forces de l'ordre feront usage progressif de la force pour disperser toutes manifestation interdite ce vendredi, et ce suivant la loi 4. Mohamed Ali Aroui a signalé qu'aucune manifestation n'est autorisée sur tout le territoire comme le mentionnait le communiqué du MI rendu public hier. Par ailleurs, le porte-parole des forces de sécurité a ajouté que "des informations sont parvenues au MI faisant part de quelques vols et saccages qui seront commis par des groupes comptant sur la confusion pour commettre leur tort".
Mission officielle de l’ONU sur la situation des défenseurs des Droits de l’Homme en Tunisie
Margaret Sekaggya, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des Droits de l’Homme, sera en mission officielle en Tunisie du 26 septembre au 5 octobre 2012. Elle sera accompagnée par Reine Alapini-Gansou, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des Droits de l’Homme de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Lors de leur mission, les Rapporteuses spéciales rencontreront un certain nombre de représentants du gouvernement ainsi que des représentants de la société civile tunisienne et autres intervenant principaux dans le domaine de la défense des droits de l’Homme. Elles effectueront des visites de terrain quelques régions du pays. Leur visite sera clôturée par une conférence de presse afin de partager avec les médias tunisiens les constatations et résultats de leur mission. Rappelons que le mandat sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme a été créé en 2000 par la Commission des droits de l'Homme (comme une procédure spéciale) pour soutenir la mise en œuvre de la Déclaration de 1998 sur les défenseurs des droits de l'Homme. Leur mission a pour objectif d’étudier de manière approfondie les tendances, les faits nouveaux et les problèmes liés à l’exercice du droit de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales en Tunisie; de recommander des stratégies concrètes et efficaces pour mieux protéger les défenseurs des droits de l’Homme ; et de solliciter, recevoir et examiner les informations concernant la situation et les droits de toute personne, agissant seule ou en association avec d’autres, de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales.
Hammamet : débats sur la sécurité dans la zone sahelo-saharienne
Menace islamiste, terrorisme, trafic d'armes, prises d'otages... Réunis à Hammamet en Tunisie, experts africains et européens débattent de la situation sécuritaire dans la zone sahélo-saharienne. Avec la crise malienne au cœur des préoccupations, les invités du Centre des stratégies de sécurité du Sahel Sahara (C 4S), esquissent des pistes de solutions pour pacifier la région. La conférence organisée les 30 et 31 août à Hammamet (Tunisie), par le Centre des stratégies de sécurité du Sahel Sahara (C 4S) - think-tank fondé par le diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah - ambitionnait de parler généralement de paix et de sécurité dans le Sahel. Mais bien vite, les débats ont été monopolisés par le Mali, en particulier le Nord du pays, occupé depuis avril par les islamistes d’Ansar Eddine et leurs alliés djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). « Aqmi est un cancer qui se métastase et je reste persuadé que chaque capitale ouest-africaine en possède une cellule dormante », a martelé dans son exposé le journaliste et écrivain Serge Daniel, auteur d’Aqmi, l’industrie de l’enlèvement. « Les djihadistes qui règnent dans le Nord-Mali n’ont pas de projet politique, mais une vision claire de la manière dont ils peuvent utiliser toute cette zone pour leurs trafics » ajoute-t-il. « Sous le vernis idéologique, Aqmi n’a qu’un seul objectif : faire du business », a renchéri le Marocain Abdelmalek Alaoui, président de l’Association marocaine d’intelligence économique (AMIE) et gérant associé de Global intelligence partners, compagnie de conseil en investissements. "Trouver des solutions à nos problèmes" Durant deux jours, à l’Alhambra d’Hammamet (Tunisie), experts sécuritaires, chercheurs, humanitaires, diplomates et journalistes sont réunis pour débattre des risques sécuritaires encourus par les pays du Sahel et du Sahara, face à la menace islamiste. Pour parler des solutions possibles, et aussi de développement. Ils sont venus d’Alger, de Bamako, de Nouakchott, de Niamey, de Paris ou de Berlin pour confronter leurs points de vues. « Il faut que l’on arrête de dire que c’est la faute des autres et que nous Africains commencions à trouver des solutions à nos problèmes » a déclaré, à l’ouverture des débats, Ahmedou Ould Abdallah, ex-ministre des Affaires étrangères de Mauritanie et président du C 4S. « C’est par des discussions ouvertes et franches que l’on pourra trouver des pistes de solutions. » On comptera parmi les intervenants le ministre nigérien de la Justice Marou Amadou, le chercheur français André Bourgeot ou encore le Délégué général aux élections maliennes, le général Siaka Sangaré, mais aussi les ex-ministres maliens Zakiatou Wallet Halatine et Hama Ag Mahmoud, membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, la rébellion touarègue), qui a perdu le contrôle du nord du Mali au profit des djihadistes.
Eviter toute considération partisane et idéologique
Le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a appelé les parties intervenantes dans le processus de justice transitionnelle à s’employer à servir uniquement l’intérêt national loin de toute considération partisane et idéologique étriquée pour servir l’intérêt national. Le ministre qui s’exprimait, samedi, à Tunis, lors d’une journée portes-ouvertes avec les associations sur «le processus de la justice transitionnelle en Tunisie», a mis l’accent sur la nécessité de séparer le concept de la justice transitionnelle et la justice en période de transition, faisant remarquer que l’examen des dossiers au cours de cette période et avant même la promulgation de la loi relative à la justice transitionnelle ne permettra pas de vider le système de son contenu. Selon le coordinateur de la commission technique chargée de superviser le dialogue national sur la justice transitionnelle, l’objectif de cette rencontre est de permettre aux associations de défense des Droits de l’Homme de présenter leurs visions et suggestions sur le projet de loi relatif au processus de la justice transitionnelle. Plusieurs représentants des associations, présents à cette conférence, ont exprimé leur inquiétude quant à la lenteur du processus de la justice transitionnelle. «Le retard accusé dans la promulgation d’une loi relative à la justice transitionnelle videra probablement ce concept de son contenu», a indiqué le président de la Ligue tunisienne des droits et des libertés, Fathi Ghazouani. Le représentant d’Amnesty International, Zouhaïr Makhlouf, a, de son côté, accusé les trois gouvernements de la Tunisie post-révolutionnaire de «s’être joués de la justice transitionnelle», faisant allusion à la destruction des documents et des dossiers de certains corrompus pour leur permettre d’échapper à la justice. Le conférencier a appelé à la création de mécanismes indépendants et permanents garantissant le non-retour aux pratiques précédentes.
Chokri Belaïd clashe le gouvernement
Dans une interview sur les ondes de Mosaïque Fm, Chokri Belaïd est revenu sur les derniers évènements à Sfax et à Sidi Bouzid et critique le gouvernement, « ouvrant le feu » sur certaines figures politiques ou gouvernementales connues. Il précise d’abord qu’aucune preuve ne peut être fournie attestant que les syndicalistes relâchés à Sfax aient présenté des excuses comme l’a indiqué Abdellatif Mekki, ministre de la Santé. Il nie, également, que de prétendues excuses aient été présentées de la part des personnes arrêtées puis remises en liberté à Sidi Bouzid. A cet effet, il rappelle que même Ben Ali n’avait pas « osé » faire passer les syndicalistes devant le juge et avance que le discours de Rached Ghannouchi sur les évènements de Sfax contredit les déclarations du ministre de la Santé et renoue avec celui de Ben Ali. Selon Chokri Belaïd, le discours actuel est double, reflétant le moral au plus bas d’un gouvernement qui refuse tout dialogue, tout en multipliant les échecs. « C’est un gouvernement qui a essayé, via Sfax, d’entamer la politique de la répression ouverte, mais il a été contré par la société civile », a-t-il affirmé. « Sinon comment peut-on expliquer la réussite à 90% de la grève générale de Sidi Bouzid et les milliers de personnes sorties manifester dans la rue si on était juste une minorité comme le dit Rached Ghannouchi ? », enchaîne-t-il. Il souligne, par ailleurs, que le parti Ennahdha a organisé une contre-manifestation «uniquement médiatisée par Al Jazeera et la chaîne Zitouna. Deux chaînes qui sont les leurs d’ailleurs », a-t-il précisé rappelant que « la Zitouna est la propriété du fils du ministre, ancien vendeur de persil (NDLR : Moncef Ben Salem) ». « La manifestation de Sidi Bouzid fut pacifique et magnifique, c’est le vrai visage de Sidi Bouzid qu’on veut salir. Les gens ont marché plus d’un kilomètre sans le moindre acte de violences », assure-t-il. M. Belaïd ajoute : «Sidi Bouzid ne m’attendait pas pour bouger. Dire cela serait minimiser la maturité de la population de la ville. Et si c’était vrai, cela aurait été un grand honneur pour moi », en réponse aux accusations lancées contre lui. Evoquant l’échéance des prochaines élections, Chokri Belaïd estime « qu’ils sont en train de parler des élections alors que l’Instance n’est même pas encore établie et qu’aucune loi concernant ce rendez-vous n’a été promulguée. Pire encore, ils n’ont même pas respecté les engagements pris et signés avant le scrutin du 23 octobre 2011», indique t-il en substance.