mardi , 30 mai 2023
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Tunisie: «Ces attaques sur la religion échauffent les esprits»

INTERVIEW - Mohamed Nejib Gharbi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, en charge de la communication et de l'information, répond aux questions de «20Minutes»... Le parti islamiste au pouvoir actuellement en Tunisie s’attend a des violences vendredi. Son porte-parole revient pour 20 Minutes sur l’attaque de l’ambassade américaine vendredi dernier par des groupes salafistes et sur les caricatures deCharlie Hebdo qui risquent d’embraser à nouveau la capitale. Qu’avez-vous pensé de la publication des caricatures de Mahomet parCharlie Hebdo? Nous avons été indignés de voir la religion et ses symboles attaqués de cette sorte. Mais on l’aurait été tout autant s’il s’était agi d’une autre religion. Un des principes fondamentaux des droits de l’homme, c’est de respecter les religions et ses symboles. Bien que nous soyons toujours aussi attachés à la liberté de la presse et d’expression, cette liberté doit être régie par la loi du respect. La sécurité de plusieurs ambassades a été renforcée à Tunis. Des chars de l’armée ont pris position dans la capitale. Redoutez-vous un embrasement? Ces attaques sur la religion des musulmans échauffent les esprits. Et dans ce climat tendu, on redoute toujours des manipulations, parfois politiciennes, d’autres fois criminelles. Ce qui a été fait sur l’ambassade américaine vendredi dernier, c’est un acte de vandalisme. Des gens sont venus pour saccager, cambrioler et pas pour manifester. Ils doivent être jugés. Il est reproché à la police d’avoir laissé faire ou tout du moins tardé à réagir… Le sujet religieux est rassembleur. Les gens qui ont manifesté ne sont pas que des salafistes. Il y a une foule entière qui s’est rassemblée et certains se sont laissés entraîner. Même les policiers les plus entraînés n’auraient pas pu contenir cette foule. N’y a-t-il vraiment eu aucun dysfonctionnement? La police a mal calculé l’intensité et le nombre de manifestants. Mais je ne peux pas laisser taxer de laxisme la police tunisienne. C’est faux. Le problème de la police n’est pas un problème de nonchalance ou de négligence. C’est un problème de carence conjoncturelle liée à la phase de transition. Le nombre de policiers ce jour-là était supérieur à 5.000. Mais quand quelqu’un est en position de défense, il est moins virulent et moins fort que celui qui est en position d’attaque.

Des Constituants critiquent le rendement sécuritaire et somment le ministre de l’intérieur de démissionner

L'Assemblée nationale Constituante (ANC) a tenu, mercredi, une séance plénière dédiée à l'audition du ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, sur fond des évènements survenus, vendredi dernier à l'Ambassade américaine à Tunis. Des critiques acerbes ont été adressées au ministre de l'Intérieur pour le rendement de son département, lors de ces évènements, et des appels ont été lancés par les constituants en vue de couper court "au traitement laxiste" à l'égard "des courants salafistes et extrémistes". Un Constituant a sommé le ministre de l'Intérieur de présenter sa démission et de conférer le portefeuille de l'intérieur à une "personnalité nationale indépendante". Certains constituants ont plaidé en faveur du traitement a-politique du dossier sécuritaire, mettant en garde contre une promiscuité présumée entre le crime organisé et l'argent sale. "Le gouvernement est-il capable de faire face à la montée de ces groupes qui agissent sous le couvert de la religion et d'appliquer vigoureusement la loi ?", s'est interrogé le Constituant Lazhar Chemli (groupe Ettakatol), se demandant sur l'activité de la cellule d'urgence relevant dudit ministère. La carence de l'appareil sécuritaire procède-t-elle d'un complot ou d'un manque de formation ?, a-t-il enchaîné. Le constituant Abderraouef Ayadi (Groupe Al-Wafa) a affirmé que l'exposé du ministre de l'Intérieur était un "simple récit de faits" et ne présentait pas "une évaluation précise et objective de la situation". Le ministre de l'Intérieur a omis de répondre à la question du financement "des bandes de délinquants", notamment au vu des agressions réitérées ciblant les tribunaux et les établissements publics, a-t-il dit. M. Ayadi s'est également interrogé sur le sort de l'archive de la police politique qui "n'a pas encore été dévoilé". Les évènements survenus vendredi dernier visaient le gouvernement, le peuple et tout le pays, a soutenu le constituant Mouldi Riahi (Ettakatol), appelant à reconsidérer le traitement réservé aux groupes salafistes qui prônent la violence. Le constituant Samir Ettaieb (Groupe démocratique) a affirmé que l'appareil sécuritaire dispose d'une compétence confirmée dans la protection des établissements, ambassades et citoyens, relevant que les récentes nominations au sein du ministère de l'Intérieur ont été opérées sur la base de l'appartenance politique et non sur la compétence. M. Ahmed Brahim, représentant du groupe parlementaire démocratique a sommé Ali Larayedh de démissionner, exigeant sa substitution par une personnalité nationale réputée pour sa compétence et son indépendance. En contrepartie, le constituant Sahbi Atig (Groupe Ennahdha) a jugé "inopportuns" les appels incessants lancés en faveur de la démission de l'actuel ministre de l'Intérieur, affirmant qu'il importe à l'heure actuelle de préserver l'image du pays. "Les défaillances constatées au niveau du rendement du ministère de l'Intérieur sont d'ordre technique", a-t-il soutenu. Les événements du vendredi dernier sont "une opération ordonnée et planifiée", a-t-il estimé, soulignant que ces évènements ne constituent pas menace réelle pour la sécurité du pays, contrairement aux "foulouls" de l'ancien régime qui tentent de se repositionner sur la scène nationale. ”

L’opposition à l’ANC réclamera un homme compétent et indépendant des partis politiques au ministère de l’Intérieur.

L’Assemblée nationale constituante (ANC) tient, ce mercredi 19 septembre, une session spéciale de questionnement du Gouvernement au cours de laquelle seront notamment auditionnés les ministres de l’Intérieur Ali Laarayedh et de la Défense Abdelkrim Zbidi sur les événements de l’assaut contre l’ambassade américaine à Tunis. A cet effet, les parlementaires du bloc démocratique de l’opposition se préparent activement à cette session et ont déjà commencé à faire passer des messages à l’instar du parti Républicain qui a déposé une demande officielle pour exiger la démission d’Ali Laarayedh. Intervenant ce mercredi matin sur les ondes de mosaïque FM, la secrétaire générale du parti républicain Maya Jribi a dénoncé l’insécurité galopante qui sévit depuis des mois dans le pays , soulignant que le citoyen tunisien vit aujourd’hui dans la peur. Elle a vigoureusement critiqué le traitement fait par le gouvernement de la Troïka de cette insécurité, affirmant que cette attitude s’explique par l’appartenance politique du ministère de l’Intérieur( Ennahdha) qui ménage les salafistes au point d’apparaître comme complice de ces dépassements. Maya Jribi s’est élevée contre la politique des deux poids deux mesures adoptée par le ministère de l’Intérieur qui, le plus souvent, réprime, selon elle des manifestations pacifiques et tolère des mouvements de protestation violents. L’élue à l’ANC a indiqué que deux critères seront exigés pour diriger le ministère de l’Intérieur, à savoir, la compétence pour pouvoir équilibrer entre la préservation de la sécurité et le respect des droits de l’homme ainsi que l’imposition de la souveraineté et la primauté de la loi. Le deuxième critère est une nouvelle gouvernance au ministère de l’Intérieur de manière à assurer les réformes du système sécuritaire dans le cadre du respect des lois. Des actions graduelles seront entreprises par les parlementaires de l’opposition pour exiger la démission du ministère de l’Intérieur dont en dernier ressort le vote d’une motion de censure contre Ali Laarayedh, a révélé Maya Jribi.

Caricatures: condamnation d’Ennahda

Le parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, a souligné que les musulmans avaient "le droit de protester" pacifiquement après la publication des caricatures du prophète Mahomet dans Charlie Hebdo. Ennahda "exprime le droit des musulmans à protester et appelle à l'utilisation de moyens civils et pacifiques", a indiqué le parti dans un communiqué signé de son chef, Rached Ghannouchi. "Le parti Ennahda condamne vivement cette nouvelle attaque contre la personne du Prophète", ajoute-t-il. Il a aussi jugé que les attaques répétées contre Mahomet visaient à "détourner le Printemps arabe de son chemin et à le pousser vers un conflit avec l'Occident", "un piège" dans lequel il ne faut "pas tomber". L'ambassade de France a annoncé la fermeture de ses locaux vendredi et de toutes les écoles françaises en Tunisie dès mercredi de crainte d'attaques après la publication par Charlie Hebdo de ces dessins. Vendredi dernier l'ambassade des Etats-Unis et l'école américaine de Tunis ont été assaillis par des islamistes radicaux protestant contre la diffusion sur internet d'extraits d'un film islamophobe. Les violences ont fait quatre morts, des dizaines de blessés et d'importants dégâts matériels. Des violences meurtrières similaires ont eu lieu dans de nombreux pays arabes et musulmans. Le parti Ennahda, qui domine une coalition gouvernementale formée avec deux partis de centre-gauche, milite pour une loi punissant de prison l'atteinte au sacré, une mesure vue par l'opposition et les ONG comme contraire à la liberté d'expression.

Passivité complice d’Ennahdha à l’égard des salafistes

Pour beaucoup de Tunisiens, l’incompréhension est totale. Comment la police tunisienne si redoutée sous Ben Ali ZABA a pu se laisser déborder à ce point par des manifestants ? Le jour de la manifestation du vendredi 14 septembre , alors que les pages Facebook islamistes et les prêches dans les mosquées annonçaient l’orage ,les voies d’accès à l’ambassade n’étaient pas toutes bloquées et les manifestants ultra-déterminés n’ont aucun mal à encercler le bâtiment. En face les policiers, en sous-effectifs, sont rapidement trouvés à court de gaz lacrymogènes et incapables de contenir les assauts et les jets de pierre , qui leur tombaient sur la tête de partout, et de sécuriser les quatre murs de l’ambassade. Les renforts militaires arrivent trop tard et lorsque les forces anti-émeutes, blindés et hélicoptère, arrivent et se concentrent sur l’entrée principale, des centaines de jeunes islamistes ,en majorité barbus ,franchissent le mur de derrière avec des échelles. Au final, 70 voitures et une école ont été incendiées, le drapeau noir de l’islam radical a été hissé à l’intérieur de l’ambassade où étaient retranchés l’ambassadeur et des dizaines d’employés protégés par des soldats américains et les forces de la garde présidentielle arrivée en renfort et en urgence. De 15 heures à la tombée de la nuit , la police est submergée et sans ordre d’intervenir fermement dira un capitaine. Pourtant les appels à manifester circulaient depuis 24 heures sur toutes les pages internet et réseaux sociaux jihadistes. L’opposition demande des comptes Malgré les quatre morts ,les cinquantes blessés dont plusieurs en état grave et les dégâts matériels, le ministère de l’Intérieur à sa tête l’islamiste Ali Laârayedh n’a émis aucune autocritique. Il n’y a eu ni faute, ni erreur d’analyse, selon son porte-parole, Khaled Tarrouche : « notre dispositif était adéquat pour un rassemblement pacifique, or il y a eu des débordements ». Le ministre a déclaré sur la chaine « Al Watania 1″ »qu’on les attendait par devant ,les manifestants sont venus par derrière » Pour Fauuzi Sharfi, membre du secrétariat national du parti d’opposition El Massar, le ministre de l’intérieur Ali Larayed doit assumer sa part de responsabilité dans la réponse inadéquate opposée aux salafistes vendredi et démissionner : « On demande au gouvernement de faire au moins son mea culpa sur son manque de prévision et comme dans tout pays démocratique, quand il y a une défaillance sécuritaire de cet ordre-là, la moindre des choses serait que le ministre de l’Intérieur ait le courage de présenter sa démission ». Passivité complice d’Ennahdha à l’égard des salafistes À la fois rival d’Ennahdha et « frère » de la tendance islamiste selon Rached Ghannouchi, Abou Iyadh entretient des relations ambiguës avec le parti Ennahdha au pouvoir . Plusieurs formations politiques dénoncent aussi une passivité complice de la part d’Ennahdha -dont est issu Ali Laârayedh- face aux salafistes ces derniers mois. Selim Ben Abdesselem est député et vice-président du groupe parlementaire d’Ettakatol, partenaire d’Ennahdha au sein de la coalition gouvernementale. « S’agissant des groupes salafistes qui sont à l’origine de ces actes… que des gens-là fassent la loi c’est absolument inadmissible. Aujourd’hui, il n’y a pas de complaisance à avoir avec ces gens qui ont montré qu’ils pouvaient être violents. S’il n’y a pas de bilan clair de la politique sécuritaire, il faudra en tirer les conséquences : cela pourrait être soit une sortie de la coalition, soit la démission du ministre chargé de ce dossier ». Le ministère, qui se félicite de l’arrestation de soixante douze personnes impliquées dans les affrontements et le saccage de l’ambassade, mais le chef salafiste Abou Ayad ,un ancien d’Afghanistan et instgateurs des violences jihadistes ,court toujours et continue à faire ses prêches et ses sorties en publics .Ce lundi il était à la mosquée Al Fath à Tunis et la police d’Ali Laârayed ne l’a pas dérangé.

Nejib Chebbi appelle à confier le MI à une personnalité indépendante

Ahmed Nejib Chebbi a relevé hier (lundi) lors d’une plénière tenue à l’assemblée nationale constituante, "l’absence de barrages sécuritaires sur trois kilomètres sur la route de la Marsa, en présence d’un afflux de jeunes en Colère, munis d’armes blanches et de pierres qui se dirigeaient vers l’ambassade des Etats-Unis", chose qu’il a constatée de visu. Le membre de l’ANC pour le bloc démocratique a déploré "les répercussions dangereuses des événements de vendredi dernier, qui ont valu à la Tunisie d’être inscrite sur une liste noire, ce qui menace nos intérêts économiques suprêmes en matière d’investissement extérieur et de tourisme". Nejib Chebbi a rappelé que la Tunisie n’en est pas à son premier accès de violence. "Ce n’est pas la première fois que des groupes extrémistes s’attaquent aux biens, aux libertés et aux personnes", a-t-il dit en précisant qu’il n’entend pas par extrémisme, la pensée : "en tant que démocrate, je respecte la liberté de pensée quelles que soient les idées, les barbes et les habits m’indiffèrent, ce qui m’importe est que ces groupes s’arrêtent à la limite du respect des droits des autres, et ne recourent pas à la violence", a-t-il indiqué, énumérant "les événement douloureux survenus à Bizerte, Sidi Bouzid, le Kef, Jendouba, Ghardimaou, la Marsa, des agissements criminels face auxquels les autorités ont fait montre à chaque fois de laxisme" , a-t-il souligné en substance. Le président du haut comité politique du parti alJoumhouri a adressé ses critiques non seulement au ministère de l’Intérieur, mais aussi à l’autorité judiciaire et au ministère de la Justice. Il est revenu sur les événements de Bizerte : "on n’a pas vu des poursuites sérieuses envers ceux qui ont commis des crimes à Bizerte lors de l’arrivée de Samir Qantar". A ses yeux, "Ce laxisme émane d’une position politique de ne pas vouloir affronter ces groupes extrémistes. On n’est pas avec les solutions sécuritaires, mais avec l’application de la loi, avec toutes les garanties exigées par le respect des droits de l’Homme et la législation tunisienne et internationale". Et de renchérir : "Cette position politique qui intéresse un parti bien déterminé, ne peut pas être assumée par l’Etat". Nejib Chebbi a appelé l’assemblée nationale constituante à exiger "une enquête indépendante qui ne doit pas être semblable à celle qu’on avait demandée lors des événements du 9 avril". "Cette enquête doit s’arrêter aux responsabilités et aux manquements constatés et dont se plaignent les forces de l’ordre et leurs syndicats". Le leader de l’opposition a demandé que "le ministère de l’Intérieur soit confié en cette période transitoire à une personnalité indépendante, de manière à garantir la neutralité de l’appareil sécuritaire", sans cela le processus de transition démocratique tournera court, il n’y aura ni liberté des élections, ni liberté de réunion et encore moins liberté de toute forme d’action politique, a-t-il prévenu.

La gestion de l’attaque contre l’ambassade américaine divise le parti au pouvoir

L’attaque contre l’ambassade américaine provoque des dégâts collatéraux. Sur le plan diplomatique, suite à ces violences à Tunis, les Etats Unis ont rapatrié une centaine de leurs ressortissants. Sur le plan intérieur, la polémique concernant le dispositif de sécurité devant l’ambassade et la question du maintien ou non du ministre de l’Intérieur, divisent Ennahda, le parti au pouvoir. Ali Larayed est accusé de ne pas avoir été à la hauteur des débordements de vendredi. Le vice-président d’Ennahda Abdelhamid Jelassi a renouvelé, au nom du parti, sa confiance envers le ministre de l’Intérieur Ali Larayed hier. Or plusieurs députés parlementaires d’Ennahda encouragent à mots couverts le ministre à remettre sa démission. Tijani Dahmane, président de la commission des finances pour Ennahda déclare : « Avec plus de précautions, normalement, on n’aurait pas du arriver à ce point là. Dans tous les pays du monde, ceux qui se respectent, les responsables qui se respectent doivent réfléchir. Donc, il faut qu’il y ait une commission qui doit déterminer quels sont les tenants et les aboutissants de l’affaire et de conclure ce qu’il faut faire ». Latifa Habachie, rapporteur de la commission justice et députée d’Ennahda, réclame des explications au ministre de l’Intétieur. « Il serait intéressant de l’inviter à notre assemblée et de l’interroger. On ne peut pas demander sa démission sans comprendre réellement ce qui s’est passé, pour déterminer les responsabilités justement », dit-elle. Jamais le parti Ennahda n’a étalé ses divisions au point d’envisager la démission de l’un de ses ministres. Les membres du parti se querellent aussi sur la stratégie à adopter face aux éléments salafistes violents. La direction d’Ennahda estime que le tout répressif risque de faire des martyrs et de radicaliser les membres d’Ansar el-charia. D’autres réclament la stricte application de la loi. En d’autres termes, des interpellations. Réactions Pour Washington, les autorités tunisiennes ont clairement failli à leurs obligations, l’ambassadeur américain Jacob Walles l’a dit au ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem. Des membres du gouvernement et d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, regrettent une décision « disproportionnée ». Taxé de complaisance avec les salafistes depuis plusieurs mois, Rached Ghannouchi le patron du parti islamiste a sur i.télé condamné les violences mais dit comprendre la colère face au film islamophobe : « C'est un acte condamnable selon la loi et selon la charia. Selon la loi, les missions diplomatiques sont sous la protection de la loi de la société et de l'Etat. Et la charia protège les ambassadeurs. Je m'oppose à ce qu' ont fait les manifestants en France comme en Tunisie. Je suis pour la liberté de manifester pacifiquement. Et je comprends qu'il sont atteint dans leur coeur comme moi. Mais s'ils basculent dans la violence, la violence est condamnable ». Les opposants à Ennahda jugent, en revanche, le parti au pouvoir responsable de la situation. C'est le cas de Nejib Chebbi, député du parti républicain, un parti d’opposition.

Le parti républicain appelle Ali Larayedh à démissionner

Les appels à la démission du ministre de l’intérieur Ali Larayedh se multiplient, dernier en date celui du parti républicain. Le PR a appelé M. Larayedh à démissionner suite à "l’échec sécuritaire" lors des événements survenus vendredi 14 septembre 2012 devant l’ambassade américaine à Tunis. Issam Chebbi, porte-parole du PR a indiqué lors d’une conférence de presse tenue, mardi 18 septembre 2012, que le dossier sécuritaire risque d’entraver le processus démocratique en Tunisie, si on ne procède pas à de varis réformes. Il a proposé la nomination d’une "personnalité nationale neutre et indépendante, n’ayant aucune appartenance politique", à la place de M. Larayedh. Issam Chebbi et Maya Jribi, présidente du PR, ont réitéré l’attachement du parti à un "gouvernement de compétences" qui prendra en charge la gestion de la phase transitoire. La mise en place de ce gouvernement doit être précédée par l’établissement d’un calendrier électoral, estiment-ils.

Ali Lârayedh remet la sécurité personnelle à Caïd Essebsi

Après avoir retiré, en juillet, la sécurité rapprochée à Béji Caïd Essebsi, ex-Premier ministre et leader de l’Appel de la Tunisie, le ministère de l’Intérieur est revenu aujourd’hui sur sa décision. Que s’est-il passé entre-temps? Le 15 septembre, c’est-à-dire au lendemain des affrontements dans l’ambassade américaine à Tunis, qui ont fait 4 morts parmi, des dizaines de blessés et d’arrestations les assaillants salafistes, l’ancien ministre chargé de la Réforme de la police (et actuel membre du bureau exécutif de l’Appel de la Tunisie), Mohamed Lazhar Akremi, a alerté l’opinion, sur les ondes de Shems FM, à propos d’un plan d’assassinat de M. Caïd Essebsi qui serait fomenté par un haut fonctionnaire de l’actuel gouvernement. Cette alerte a surpris à moitié les Tunisiens, car, il y a déjà eu plusieurs appels publics à la mort de M. Caïd Essebsi, et des attaques contre des bureaux de son parti par des éléments proches du parti Ennahdha, au pouvoir, ou appartenant à sa même mouvance islamiste. L’information a cependant été formellement démentie par Lotfi Zitoun, conseiller politique du chef du gouvernement, qui a menacé de poursuivre en justice l’avocat Akremi pour propagation de fausses accusations. «Dimanche, un agent de police s’est déplacé à la maison de Me Akremi. Mais on ne sait pas encore les raisons de cette visite», a dit à Kapitalis Ridha Belhaj, membre du bureau exécutif de Nida Tounes. Qui nous aussi a confirmé que «Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur, a fait revenir le staff de sécurité à M. Caïd Essebsi», retiré en juillet. La menace d’attentat n’était donc pas complètement imaginaire!

Tunisienne violée par les flics : Les détails d’un crime

Le Conseil National des Libertés en Tunisie organisait samedi dernier une conférence de presse autour de la violence policière de l’après révolution. Dans son dossier de presse, le CNLT revient sur plusieurs affaires de torture, de viol et de violence perpétrées par le corps policier. Le dossier de presse (téléchargeable en arabe ici) est distribué en avant-goût d’un rapport en cours d’élaboration et qui verra le jour sous peu en version arabe et française. Parmi les affaires soulevées par le CNLT, l’histoire de ce viol dont a été victime une jeune tunisienne il y a à peine deux semaines. Le dossier revient sur les détails d’un crime alarmant d’une brutalité et d’une sauvagerie obscènes. Ci-après la traduction française du récit des faits révélés par le CNLT : “Dans la nuit du 3 au 4 septembre, aux alentours de minuit, la victime et son fiancé se trouvent dans leur voiture dans une situation normale et décente, contrairement aux déclarations très controversées du porte-parole du Ministère de l’Intérieur qui avait avancé que la victime et son compagnon étaient dans une situation indécente ou encore immorale (traduction littérale) au moment des faits dans une rue de Ain Zaghouane. C’est alors qu’un véhicule civil s’approche d’eux. Trois hommes en descendent et procèdent directement à l’ouverture des portières de la voiture leur demandant de descendre et déclarant qu’ils font partie du corps policier rattaché au poste de police « Les Jardins de Carthage » situé à Aïn Zaghouan. Tout de suite après, les policiers menottent le compagnon de la victime et emmènent cette dernière vers leur véhicule. Puis l’un des agents de l’ordre revient vers le fiancé, le fait remonter dans sa voiture et l’éloigne du lieu de l’arrestation en conduisant lui-même. Entretemps, les deux autres policiers font monter la jeune femme dans leur véhicule et lui demandent ce qu’elle est en mesure de leur offrir. La jeune femme rétorque qu’elle dispose de 40 dinars et qu’elle est prête à leur donner l’argent. Les deux agents se moquent alors d’elle et l’informent qu’elle va leur offrir autre chose. La victime est alors placée sur la banquette arrière. Un agent la rejoint à l’arrière du véhicule tandis que l’autre reste au volant observant son collègue en train de procéder au viol. Ce dernier ordonne à la jeune femme de ne pas crier et de pleurer en silence. Une fois le viol terminé, les deux agents s’échangent les places et c’est au tour du second de procéder au deuxième viol. Pendant que la victime se fait violer, le troisième agent qui avait éloigné le fiancé de la scène du viol interroge ce dernier. L’agent le menace de lui coller un procès pour adultère s’il ne lui file pas la somme de 300 dinars. Le fiancé de la victime rétorque alors qu’il ne possède pas la somme. L’agent lui propose de le conduire à un distributeur automatique de billets pour retirer l’argent, ce que le jeune homme accepte de faire. Cependant, ce dernier ne parvient pas à retirer la somme. Le policier lui retire alors sa carte d’identité et son permis de conduire et lui demande de ramener l’argent le lendemain pour pouvoir récupérer ses papiers. Il le reconduit ensuite au lieu de l’arrestation où stationne le véhicule des deux autres agents. Lorsqu’il descend de la voiture, le compagnon de la victime voit que sa fiancée est encore à l’intérieur du véhicule des forces de l’ordre. Il tente alors d’agresser physiquement les deux policiers. Pour l’en empêcher, l’un des agents tente de faire usage de gaz paralysant mais le fiancé parvient à lui arracher le dispositif. A ce moment, les policiers négocient avec lui afin d’échanger le dispositif à gaz contre ses papiers et sa fiancée. Ce qui fut. Une fois le couple remonté dans leur véhicule, la jeune femme raconte les faits à son compagnon qui décide de l’emmener à la clinique du Lac où elle est auscultée de suite. Le viol est médicalement avéré. La clinique contacte alors la police conformément à la procédure. La victime et son fiancé sont convoqués le 4 septembre 2012 au tribunal de première instance, 3ème étage, siège de la sous-direction de la prévention sociale (police judiciaire) où ils sont confrontés à leurs agresseurs. La victime et son fiancé sont gardés pendant 7 heures. Ils sont humiliés et subissent une forte pression afin de les obliger à abandonner la plainte. La victime, en raison du choc psychologique, décide d’abandonner les poursuites et un procès verbal est rédigé dans ce sens. Une fois sortis du poste de police, la victime et son compagnon se dirigent directement chez un avocat et portent plainte auprès du Ministère Public.”