En temps de paix comme en période de guerre, le journaliste est la cheville ouvrière de l’actualité des jours. De ce fait, il n’est jamais à l’abri des mésaventures du terrain, où il doit exercer son métier. Il fait, parfois, l’objet d’autant d’agressions sans raison. Comment doit-il se protéger ? Quelles garanties juridiques lui sont attribuées? Il suffit de se référer aux rapports mensuels régulièrement établis par le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (Ctlp), mais aussi par d’autres organismes des droits de l’Homme pour faire le point sur un état des lieux qui en dit long. C’est que tout le corps professionnel semble avoir du mal à récupérer ses droits acquis dont la liberté d’expression.
Dans le but de lui assurer toute la protection requise, la société civile n’a pas lésiné sur les moyens d’appui et de sensibilisation sur les pistes de recours. Dans ce sens, un atelier de formation a été organisé, hier et et dont les travaux se poursuivent aujourd’hui, au Capjc (Centre africain de perfectionnement et journalistes et communicateurs), à l’initiative du Snjt, l’organisme censé être le parrain des intérêts de la corporation. Il porte sur « les droits du journaliste devant la justice ». Et c’est là que le bât blesse ! L’application des décrets 115 et 116 relatifs à la liberté de la presse, d’impression et d’édition tarde à venir, alors que leur adoption a eu lieu depuis février 2011. En l’absence d’une volonté politique claire, le secteur des médias est jusque-là resté à la merci des interprétations aléatoires, sans références juridiques claires et précises. Connaître son droit est, certes, le mot de passe préconisé, selon M. Mazen Chakoura, vice-représentant du haut commissariat aux droits de l’Homme à Tunis. Le journaliste doit être au parfum de ses droits, mais aussi de ses devoirs. Car, la liberté d’expression n’a jamais traîné dans l’absolu. D’après lui, l’on parle justement de la liberté responsable, au-delà on risque de retomber dans l’aberration morale, sans respect des règles déontologiques.
Dire la vérité ne touche en rien l’essence de l’information, sans mensonge ni diffamation. De même que l’incitation à la haine et à la violence n’ajoute point à la véracité du discours, ni à son objectivité. Et pour cause, de telles pratiques anti-professionnelles sont, au regard de la loi organisant le secteur, considérées comme attentatoires à la dignité des personnes et à l’ordre public. Et partant, ne pas respecter l’éthique journalistique est passible d’infractions à l’encontre de son auteur. Le décret 115 et 116 le confirme dans ses détails, tout en garantissant la protection du journaliste. « Et maintenant que la justice fait montre de son sérieux pour le mettre en œuvre, c’est un pas vers l’avant. Un signe positif à saluer.. », a-t-il révélé. Quant à la manière de statuer sur tous les procès intentés contre les journalistes, M. Chakoura a livré une impression positive quant à la position de la justice, soulignant que le dispositif judiciaire national a réussi à faire preuve d’impartialité et d’équité dans les affaires se rapportant au secteur. Comment alors se protéger, lors de l’exercice de ses fonctions ? Evidemment, comme on le sait tous, le décret 115-116 assure, de prime abord, la protection du journaliste. A contrario, tout dépassement de sa part est censé l’exposer à des poursuites judiciaires. Le magistrat conseiller auprès de la Cour d’appel du Kef, M. Ali Guiga, a bien montré la ligne de démarcation entre les droits et les devoirs du journaliste. En fait, le journaliste doit faire recours à la justice, la seule habilitée à lui rendre ses droits, avec toutes les garanties requises, a-t-il expliqué. A propos du décret sus-indiqué, « le ministère de la Justice est engagé à accélérer son application», affirme-t-il, rappelant que la diffamation et l’incitation à la violence sont des crimes à éviter par tous les journalistes. En tout état de cause, nul ne peut échapper à la punition. D’où le rôle capital du journaliste dans la lutte contre l’impunité.