En dépit de leur ampleur, les derniers jolis coups de filet opérés dans les rangs des terroristes ne signifient nullement que la partie est déjà gagnée. Explications
C’est vrai qu’il y a de quoi pavoiser en dénombrant les jolis coups de filet opérés récemment dans les rangs des terroristes. C’est que ceux-ci qui se croyaient jusque-là intraitables, voire invincibles, ne comptent désormais plus les revers qu’on leur a infligés, avec notamment le démantèlement de dangereux réseaux à Kasserine, à Médenine, au Kef, à Jendouba, à Sousse et à Monastir (excusez du peu). En matière de lutte contre le terrorisme dans le monde, cela relève plutôt de l’exploit, étant donné la robustesse des structures de la nébuleuse intégriste et sa redoutable force de frappe que lui a léguée un certain Oussama Ben Laden. Plus concrètement, on peut conclure que ce bilan, tout a fait flatteur, n’est pas dû au hasard.
En effet, fini le temps où nos forces de l’ordre et de l’armée, alors pas encore préparées pour ce genre de défis, ne faisaient que collectionner, impuissantes et paniquées, déroute sur déroute, handicapées qu’elles étaient par l’absence d’une véritable stratégie de combat. Déjà, début 2012, nous appelions, sur ces mêmes colonnes et en exclusivité, à l’urgence d’en finir avec l’attentisme et l’improvisation qui, en termes de sécurité, font le jeu des terroristes. Deux ans après, et en dépit d’un important manque à gagner, on se met enfin à l’heure de l’anticipation, c’est-à-dire passer à l’offensive, en ne se contentant plus de laisser venir l’ennemi. Les bienfaits de cette politique préventive sont aujourd’hui là, fructueux et sécurisants.
Que de pain sur la planche
C’est justement sur cette voie qu’il faut absolument continuer. Et cela en maintenant le doigt sur la gâchette, en ne baissant jamais la garde. Céder au triomphalisme serait le pire des scénarios dans une guerre de longue haleine, imprévisible et, par conséquent, encore loin d’être gagnée. «On a fait du beau travail ces jours-ci, et il y a de quoi jubiler», avoue le chef d’une brigade de la Garde nationale, avant de remettre les pieds sur terre, en mettant l’accent sur «la nécessité absolue de maintenir intact l’actuel plan de combat dont l’effet anticipatif nous a été d’un grand secours. Et si j’insiste sur ce point c’est parce que je suis persuadé que les menaces terroristes persistent et que, excusez mon culot, le pire est à venir. «Venant d’un flic et, par-dessus tout, d’un homme de terrain, ces propos sont à prendre très au sérieux, d’autant plus qu’on compte toujours, à notre passif, plusieurs zones d’ombre à éclaircir le plus tôt possible, à savoir :
- Les centaines de cellules dormantes qui sommeillent encore dans nos murs et dont le réveil pourrait faire mouche, à tout moment
– L’existence de dépôts de stockage d’armes et de munitions non encore identifiés
– La persistance des menaces takfiristes à nos frontières avec la Libye et l’Algérie, avec surtout une fulgurante percée de Daech dans le premier pays et un retour en force de l’hydre terroriste dans l’autre.
– La montée des risques d’attentats, par menaces interposées émanant coup sur coup, de Daech, d’Ansar Echaria, du Front Enosra et d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Tous ces réseaux qui constituent le fer de lance de la nébuleuse intégriste dans le monde, ont récemment «juré» de frapper en Tunisie, d’abord pour desserrer l’étau autour de Jebel Chaâmbi et des cellules dormantes, ensuite pour gâcher les prochaines élections présidentielle et législaves, et enfin pour «punir» la coalition arabo-occidentale qui mène aujourd’hui la vie dure à Daech en Syrie et en Irak.
Encore un effort
Il va sans dire que toutes ces menaces potentielles dont la véracité a été bel et bien vérifiée et reconnue par des services de renseignements occidentaux et arabes, refusent tout relâchement de vigilance et exigent la continuité. Et cela par :
1 - L’intensification des descentes dans les fiefs des terroristes.
2 - La multiplication des opérations de rafles et de contrôle aussi bien dans les principaux axes routiers que devant les édifices publics, les grandes surfaces et les chancelleries arabes et occidentales.
3 - Le maintien de la pression sur les frontières et les montagnes et monts de Kasserine, Le Kef, Jendouba, Sidi Bouzid, Gafsa et Zaghouan.
4 - Le renforcement de la collaboration avec les services de renseignements occidentaux et algériens, en vue d’une meilleure exploitation des informations collectées sur le mouvement des groupements terroristes.
5 - L’approfondissement de l’implication des citoyens dans la lutte contre le terrorisme.