Dimanche , 10 décembre 2023
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Coronavirus-Tunisie : Une pandémie de plus en plus paupérisante !

Qu’il se soit agi de nations riches ou de pays qui le sont beaucoup moins, la pandémie du coronavirus semble avoir frappé indistinctement tous les pays de la planète avec  un effet induit majeur sous la forme d’une paupérisation galopante. Dans cette configuration, il a été opportun pour la Banque mondiale de mener une étude sur la façon dans la Covis-19 a affecté les pauvres en Tunisie.  La conclusion la plus frappante en est que la pandémie est susceptible d’annuler les récents progrès en matière de réduction de la pauvreté.

Il existe quatre grands cheminements par lesquels la pandémie pourrait affecter les ménages : les revenus du travail, les revenus non liés au travail, les effets directs sur la consommation et la perturbation des services. Toutefois, l’analyse de la BM ne porte que sur les canaux du travail et de la consommation. Les résultats suggèrent que, selon le scénario de base de 8,8 % de croissance du PIB réel, à prix constants des facteurs, la pauvreté devrait passer de 2,9 % de la population avant la crise à 7,4 % en 2020. En outre, l’inégalité (mesurée à l’aide du coefficient de Gini) devrait passer de 37 à 39,5.

Les ménages dont la consommation par habitant se situe dans le créneau des 20 % les plus pauvres de la population, qui sont concentrés dans les régions du Centre-ouest et du Sud-est de la Tunisie, seraient les plus touchés. Quant aux personnes les plus vulnérables, il s’agira probablement des femmes, celles de familles nombreuses, sans accès aux soins de santé et employées sans contrat. Un peu plus de la moitié (53 %) des personnes qui, selon les prévisions, sont tombées dans la pauvreté à la suite de la pandémie, seront probablement employées sans contrat.

L’étude a également simulé l’impact des mesures  prises par les autorités et a montré qu’elles permettraient d’atténuer l’impact sur la pauvreté. Plus précisément, l’augmentation de la pauvreté ralentirait à 6,9 % avec les mesures d’atténuation contre 7,4 % sans, soulignant l’importance de lancer  des programmes de protection sociale bien ciblés qui peuvent être rapidement utilisés pour bénéficier aux  pauvres en temps de crise.

Ces résultats montrent qu’à l’avenir, il serait extrêmement important de veiller à ce que la croissance économique profite aux pauvres et soit donc inclusive. Il peut être important de favoriser l’emploi ainsi que des mécanismes de subsistance alternatifs dans les régions et les zones qui ont été laissées pour compte. Le choc supplémentaire introduit par COVID-19 devrait accroître le taux de pauvreté et les inégalités en Tunisie. Ce regroupement de la population juste au-dessus du seuil de pauvreté a des implications clés face au risque élevé auquel le pays est confronté à l’avenir. De nombreux ménages pourraient retomber dans la pauvreté en raison de chocs environnementaux ou économiques. C’est pourquoi les mécanismes visant à protéger ce vaste sous-groupe vulnérable devraient être une priorité absolue.

Un demi-million de nouveaux pauvres

Une étude de l’UNICEF a montré, pour sa part,  que les deux mois de confinement  décrétés en Tunisie, en mars et avril 2020, ont entraîné une perte de 7% des revenus des ménages. On estime que la pauvreté a augmenté au cours de la même période, passant de 14 % à 18,5 %, soit près d’un demi-million de nouveaux pauvres. La pauvreté des enfants de moins de 18 ans passerait de 19 % à 25 %, soit près de 900 000 enfants pauvres. Les mesures d’atténuation prises par le gouvernement n’ont pas permis de contrer de manière significative l’augmentation de la pauvreté. En outre, la même étude montre qu’une allocation universelle de 1 dinar par jour (0,37 $US) pour chaque enfant non couvert par la sécurité sociale réduirait la pauvreté des enfants de 5 points de pourcentage.

Retombées sociales

Les conclusions de l’étude de la Banque mondiale  montrent que la pandémie COVID-19 est susceptible d’affecter le bien-être des ménages en fonction des caractéristiques socio-économiques de la population, du secteur d’emploi et du lieu. Les pauvres (plus susceptibles de vivre dans des conditions de surpopulation) et les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus susceptibles de contracter l’infection, tandis que les personnes sans assurance maladie (principalement les pauvres et les personnes travaillant dans le secteur informel) sont confrontées à une plus grande incapacité à bénéficier de soins de santé. En outre, étant donné que la dépendance à l’égard des écoles pour les repas et les livres est la plus élevée parmi les pauvres, ces derniers sont les plus susceptibles d’être affectés négativement.

Le marché du travail serait touché par la crise COVID-19 de diverses manières. Six secteurs ont été identifiés comme étant à haut risque et devraient être les plus touchés en Tunisie : le tourisme/hôtellerie et les cafés/restaurants, le textile, l’industrie mécanique et électrique, le transport, le commerce et la construction ou l’ingénierie civile. Ces secteurs emploient une plus grande partie des personnes employées dans les régions du Centre et du Nord-est et 47 % des personnes appartenant au décile le plus pauvre.  Ensuite,  la pandémie aura des répercussions négatives sur les personnes employées de manière informelle, ce qui est très répandu et le plus élevé dans les secteurs de la construction (68 %), du commerce (51 %), du tourisme (45 %) et du textile (43 %). Tertio,   les emplois qui ne peuvent être exercés à domicile, notamment dans l’agriculture et l’industrie, sont confrontés à une plus grande incertitude. Enfin, ceux qui dépensent plus en nourriture seront affectés par les chocs de prix, en particulier les pauvres pour qui la nourriture représente une part importante des dépenses de consommation.

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