vendredi , 2 juin 2023
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Élection présidentielle: Mourou candidat, Ennahdha joue-t-il son va-tout?

Le conseil de la Choura d’Ennahdha a choisi de présenter le vice-président de l’ARP.

Le conseil de la choura a tranché. Abdelfattah Mourou, vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple sera le candidat d’Ennahdha à l’élection présidentielle anticipée du 15 septembre prochain.

Mourou, l’oiseau rare d’Ennahdha

Âgé de 71 ans, cet avocat de métier a été élu sur une liste…indépendante sur Tunis 2 à l’Assemblée constituante en 2011 après avoir acté son divorce d’Ennahdha.

Ce divorce, qui sera de courte durée, le fera revenir à de meilleurs sentiments et le voit revenir au bureau exécutif du parti dès 2012. Il sera même vice-président et conseiller personnel de Rached Ghannouchi.

Élu sur Tunis 2 à l’ARP, il sera élu premier vice-président.

Ce vote par 98 voix au conseil de la choura, mardi, Abdelfattah Mourou sera donc “l’oiseau rare” tant recherché par Rached Ghannouchi.

Pourtant, ce n’était pas gagné.

“Chahed n’a pas donné suite”

Réuni depuis Samedi à Hammamet, le conseil de la choura d’Ennahdha ont mis 4 jours pour trouver leur candidat. En effet, pendant tout le week-end, les dirigeants du parti n’arrivaient pas à s’entendre sur quel candidat soutenir à l’élection présidentielle entre partisans d’un candidat de l’intérieur du parti et partisans d’un candidat de l’extérieur.

Jusqu’au début de la soirée du mardi, le parti semblait se diriger vers le soutien au chef du gouvernement Youssef Chahed mais dans les dernières heures de la soirée les choses ont évolué.

“Les discussions étaient au point mort vers 21 heures. Nous étions au même point que samedi. La question était de savoir si Youssef Chahed était prêt à accepter nos conditions pour obtenir le soutien d’Ennahdha. Il n’a pas donné suite, alors certains ont décidé de changer de fusil de d’épaule et de, finalement, accepter un candidat issu du parti. Nous sommes à deux jours de la clôture des candidatures, il n’y a plus de temps à perdre” affirme un membre du conseil de la choura au HuffPost Tunisie refusant cependant de qualifier Mourou de “second choix”.

“Mourou était le premier choix à l’intérieur du parti. La seule question que l’on devait trancher ces derniers jours était de savoir si le parti se lançait directement dans le scrutin présidentielle ou pas. Nous y allons pour gagner” dit-il. Un sentiment partagé par le président du parti, Rached Ghannouchi qui déclarera après le conseil de la choura que “le parti fera tout pour faire arriver Mourou au second tour”.

Ce choix, est cependant loin de faire l’unanimité et semble annoncer de nouvelles tensions à l’intérieur du parti, certains dirigeants à l’instar de Rafik Bouchlaka Abdessalem estimant qu’il s’agit d’un “mauvais choix”.

Un personnage ambivalent?

Sympathique, bon orateur et apprécié, Abdelfattah Mourou est l’un des fondateurs du Mouvement de la Tendance Islamique qui deviendra par la suite Ennahdha.

Arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, notamment après l’attaque de Bab Souika, il quittera Ennahdha et adoptera un nouveau discours plus conciliant et cessera toute activité politique.

En 2011, avec le retour de Rached Ghannouchi à Tunis il reprend ses activités politiques.

Dans l’optique de plaire à la frange salafiste du parti, Ennahdha accueille en février 2012, le prédicateur extrémiste Wajdi Ghonim. Une vidéo sur sa rencontre avec Abdelfattah Mourou écornera l’image de ce dernier.

Mourou alors tenu des propos peu amènes sur la société tunisienne et sur les moyens de l’islamiser. Après avoir décrit une société peu encline au changement, l’actuel vice-président de l’ARP avait affirmé: “Ce sont nos adversaires. Ne leur montre pas d’hostilité visible. Notre objectif, c’est leurs enfants, leurs femmes et leurs petits-enfants. Nous ne voulons pas de ces personnes, nous visons leurs enfants. Leurs enfants sont à nous aujourd’hui, leurs filles sont à nous aujourd’hui. Notre objectif est de séparer la pensée des enfants de celle de leurs parents et grâce à Dieu nous y sommes parvenus” avait alors affirmé Mourou provoquant à l’époque un grand tollé.

Le 07 février dernier, soit 7 ans plus tard, celui-ci fait son mea-culpa affirmant qu’il n’aurait pas dû s’entretenir avec Ghonim et indiquant ne s’être rendu compte de la dangerosité du prédicateur qu’après son départ de Tunisie.

Si ce passage marquera à coup sûr les esprits durant la campagne électorale, le dirigeant d’Ennahdha est aussi capable de montrer une autre image faisant preuve de plus de bonhomie, comme lors de son dernier éloge funèbre à Béji Caid Essebsi ou encore lors de ses conseils santé livrés au ministre de l’Agriculture souffrant d’une extinction de voix.

Ennahdha joue son va-tout

Jamais Ennahdha ne s’était autant mis en danger depuis 2011. Après les élections de 2011, Ennahdha, pourtant vainqueur décidera de mettre au devant de la scène Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar sur le devant de la scène politique. C’est eux et leurs partis, qui payeront le bilan désastreux de la Troïka au contraire d’Ennahdha, qui malgré une baisse du nombre d’électeurs, arrivera deuxième aux législatives de 2014. Pour la présidentielle, Ennahdha pourtant donnée favorite des scrutins, ne présentera pas de candidat à la présidentielle.

Avec la décision de présenter Abdelfattah Mourou à la présidentielle et Rached Ghannouchi aux législatives, Ennahdha lance ses principales forces dans la bataille électorale.

Si certains commentateurs de la scène politique y voient une volonté du parti d’éviter une défaite annoncée aux législatives (selon les sondages effectués en mai dernier) et une possibilité de resserrer les rangs dans une période où les tensions sont exacerbées en son sein, le membre du conseil de la choura interrogé par le HuffPost Tunisie a une autre explication: “Je pense que c’est une façon de dire ‘aux jeunes’ du parti qui montrent leur empressement à prendre le parti en main que les anciens ont encore leurs mots à dire et qu’ils ont encore à apprendre”.

Interrogé sur le fait que le parti peut perdre beaucoup en cas des défaites potentielles de Mourou et Ghannouchi lors des prochains scrutins; il affirme: “C’est une hypothèse comme une autre, la pire. Effectivement, ça passe ou ça casse. Les résultats de ces élections seront primordiales et auront un impact majeur sur le parti et son prochain congrès de 2020” conclut-il.

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