Mercredi , 6 décembre 2023
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Les militaires retraités et la chose publique

Devant l’immobilisme et l’attentisme de la classe politique qui, depuis janvier 2011, observe, sans gêne, la déconfiture de l’Etat et l’appauvrissement des citoyens,  ce revers  ayant pour conséquences immédiates des éléments tangibles relatifs à la vie de nos concitoyens (perte de plus en plus sensible de l’autorité et du prestige de l’Etat ; laxisme des gouvernants qui n’osent pas utiliser la force autorisée par la Loi pour faire cesser des actes répréhensibles par la Loi).

es atteintes à la Loi commises, un peu partout, par nos concitoyens : au bassin minier de Gafsa, à El Kammour, à Kerkennah, etc.; laxisme des gouvernants dans le but inavoué de plaire aux électeurs lors des prochains rendez-vous électoraux; inexistence d’une politique de redressement économique ; commerce parallèle de plus en plus présent et inquiétant ; évasion fiscale par des dizaines de milliers de petits et rentables commerces ; le dinar qui a perdu, par rapport aux devises, près de 3/4 de sa valeur de 2010 et surtout l’envolée du prix du couffin de la ménagère qui a plus que doublé depuis janvier 2011; rupture incompréhensible dans un pays agricole comme le nôtre de certains produits alimentaires tels qu’œufs, semoule, lait, etc.). Ce qui est très alarmant est que cette situation semble ne pas déranger, outre mesure, la classe politique, toutes tendances confondues.

Depuis huit ans, huit gouvernements se sont relayés pour n’aboutir qu’à augmenter les difficultés de la vie quotidienne du citoyen. Au cours de cette période de transition démocratique qui n’a que trop duré, tout va de mal en pis et on n’entrevoit pas le bout du tunnel : En effet, le pays vit dans une opacité inquiétante, le couffin de la ménagère n’a rien perdu de son ascension confirmant une baisse sérieuse du pouvoir d’achat, le comportement du citoyen devenant de plus en plus agressif et incontrôlable, des représentants du peuple qui n’en font qu’à leur tête, une fédération de l’enseignement secondaire qui défie et sa centrale syndicale et  l’Etat tunisien, une criminalité galopante qui fait peur à nos concitoyens au regard de l’atrocité de ces actes, le braquage qui se développe, jour après jour, étonne et inquiète sérieusement tous les Tunisiens, la propagation  des drogues en tous genres et leur effet sur les adolescents est plus qu’angoissante et préoccupante et le sentiment d’impunité qui prévaut dans le pays du fait de l’absence manifeste de l’autorité de l’Etat.

L’institution militaire, chère aux cœurs des Tunisiens qui l’ont, souvent, vue  à l’œuvre, que ce soit dans le domaine de la défense du territoire ou celui du développement ou lors des catastrophes naturelles, et qu’ils apprécient, intensément, se trouve engagée, depuis de nombreuses années, dans une guerre sans merci, contre le terrorisme avec, forcément, certaines pertes. Depuis l’indépendance, les jeunes Tunisiens âgés de vingt ans qui répondaient à leur convocation pour effectuer leur devoir du service national, formaient la composante essentielle de l’armée. Ils étaient la fierté des officiers, car, par leur provenance de toutes les régions du pays, sans différence de rang social, d’origine, de niveau intellectuel ou professionnel, ils permettaient à notre armée de demeurer, éternellement, nationale et, toujours, jeune. Cette situation a, malheureusement, changé depuis la révolution du 14 janvier et alors qu’auparavant l’armée recevait, chaque année, plusieurs dizaines de milliers de conscrits, les choses ont évolué, négativement,  et ce ne sont que des centaines qui se présentent pour accomplir leur devoir, et ce, malgré la situation  exceptionnelle qui prévaut dans le pays. Cela est dommageable pour le pays qui fait face au terrorisme, d’une part, et, d’autre part, l’armée qui est une école de civisme, participe à la formation des jeunes sans emploi en leur assurant une formation professionnelle participant ainsi à la lutte contre le chômage et permettant à de nombreux jeunes, titulaires d’une spécialité, d’obtenir, facilement, un emploi, à leur libération, ce qui leur évite des relations douteuses ou interdites et les protège des pêcheurs en eau trouble.

Notre pays qui a réussi, en 2011, une révolution exemplaire, n’a pas encore retrouvé ses repères et la classe politique n’arrive pas à s’entendre sur un programme devant conduire notre pays, qui était, il n’y a pas si longtemps, l’exemple et le modèle, vers le développement, vers la stabilité, vers la sécurité et vers le progrès. La classe politique ayant démontré ses limites, pourquoi le corps des officiers retraités ne s’implique-t-il pas dans la chose publique, lui qui, il n’y a pas si longtemps, se trouvait aux premières loges pour défendre notre pays ? Pourquoi ne mettrait-il pas sa longue et riche expérience dans les domaines de la gestion des personnels et des matériels, de l’instruction des hommes et de la formation des cadres, de la planification des projets et des manœuvres et du commandement dans ses différentes formes ? Au fait, pourquoi  ce corps, riche en compétences, maintenant qu’il est dans la vie civile,   ne s’intéresse-t-il pas à la politique et ne s’y implique pas? Pourquoi demeure-t-il, encore, comme observateur ?

L’armée nationale bénéficie, auprès de la population, d’une grande estime et d’un profond respect. La classe politique, ayant démontré, malheureusement, et pendant huit ans, ce qui est une période relativement longue pour un pays comme le nôtre, ses limites, ce corps, grâce à ses nombreuses qualités morales, intellectuelles et patriotiques, peut être l’une des solutions de sauvegarde  de notre pays pour plusieurs raisons.

Ce corps qui a fait ses preuves au point de vue patriotisme, compétence, expérience, don de soi et désintéressement, possède une formation polyvalente.

Certains de ses membres ont, durant leur carrière, rempli d’importantes fonctions civiles dans divers domaines (économiques, administratifs et même politiques), et ont donné entière satisfaction.

L’élite de notre pays qui, malheureusement, ne s’est jamais intéressée au service national dont elle est redevable d’une année de service, ne connaît rien du corps des officiers de l’armée, ni de ses capacités, ni de sa formation ou de l’évolution de sa carrière. Seul un tout petit nombre de cadres supérieurs civils (moins de 1%) a eu la chance de suivre, dès les années quatre-vingt du siècle dernier, les cours de l’Institut de défense nationale, et a découvert ce corps et a eu l’occasion de connaître l’armée et  ses cadres.

Ces officiers retraités, ayant servi  le pays durant trente à quarante ans, et ayant leur avenir derrière eux, ne seront nullement tentés par une nouvelle carrière, ce qui préoccupe, essentiellement, la classe politique actuelle qui, obnubilée par les prochaines élections et étant bloquée par cette ambition, se croit obligée de laisser-faire et laisser-aller nos concitoyens, quel que soit leur comportement, en vue d’avoir leurs faveurs lors des élections de 2019. Et c’est, malheureusement, ce qui a, en grande partie, conduit le pays à la situation que nous vivons. Notre pays a besoin, plus que jamais, de responsables intègres, compétents et autoritaires qui, sans calculs,  ni populisme, seront en mesure de remettre les pendules à l’heure.

Aussi, le corps des officiers retraités qui, au cours de sa carrière, a tout donné sans jamais rien demander, dispose de brillants cadres pouvant servir, autrement, leur pays.

Et alors ? Pourquoi pas un mouvement au service de la Tunisie ? Provenant d’une institution qui a toujours été au service du peuple, ces officiers supérieurs retraités, en symbiose avec des cadres supérieurs de l’administration nationale, compétents et expérimentés dont certains ont fait leurs preuves au lendemain du 14 janvier, en gérant convenablement les affaires du pays, durant des mois, et de personnalités reconnues pour leur patriotisme, leur moralité et leur maîtrise de certains domaines sont capables de redresser la barre du navire et le ramener à bon port.

Dans ce domaine, nous n’allons pas réinventer la roue ! Et les exemples du Portugal, de l’Espagne, du Chili en fin de parcours, peuvent être cités.

Notre pays a besoin, essentiellement, d’intégrité, de patriotisme, de courage, d’ordre et de discipline, d’autorité et de travail, les qualités essentielles des militaires !!

Pour l’histoire, et au lendemain du 14 janvier 2011, et pressentant les grandes difficultés auxquelles notre pays allait rencontrer et devant  y faire face, et dans le seul souci de rendre service à la patrie, des officiers supérieurs retraités des trois armées ont adressé, au Premier ministre de l’époque, par écrit, une proposition assez similaire, et lui ont demandé de penser à ce corps pour servir le pays.  Celui-ci, n’accordant aucun crédit à cette approche, et croyant ou voulant que les officiers, même retraités, demeurent, apolitiques, ce qui est anticonstitutionnel,  n’a même pas daigné répondre à  cette démarche.
Que Dieu garde et protège la Tunisie éternelle.

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