vendredi , 2 juin 2023
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A qui profite le remaniement ministériel ?

Le remaniement ministériel dont tout le monde parle, semble accaparer toutes les attentions. Mais rares sont ceux qui se posent les questions sur la finalité de ce remaniement et surtout sur son efficience. Dans un climat de crise politique aigue, le remaniement ministériel peut-il être le remède tant attendu ?

Les formes les plus connues de remaniements sont le remaniement de mi-mandat qui sert au chef de gouvernement d’évaluer l’action des différents départements et de rectifier le tir sans changer de politique gouvernementale. Sinon, il y a les remaniements partiels qui surviennent en cas de graves défaillances mais qui touchent généralement le ministre mis en cause ou, rarement, quelques ministres, sans plus.

 

Pourtant le remaniement dont on parle et qui sera annoncé très probablement dans les prochains jours, n’est ni l’un, ni l’autre. C’est un remaniement de fond qui s’apparente à un nouveau gouvernement qu’on nous annonce avec des alliances, des orientations et des visées nouvelles. Pour des raisons connues et multiples, le chef du gouvernement, qui a été mandaté dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, se prépare à présenter un nouveau gouvernement d’alliance entre lui, le parti islamiste Ennahdha, un groupe parlementaire scissionniste qui a pris l’appellation de la coalition nationale et un parti politique, le Machrouû qui s’était opposé il y a deux ans au gouvernement d’union nationale. C’est une disposition étrange car c’est une coalition qui va se faire entre des partis politiques d’une part, et entre un homme politique seul qui s’adosse uniquement sur sa fonction de chef de gouvernement  ainsi qu’un bloc parlementaire sans appartenance partisane d’autre part. Ce n’est ni en Tunisie ni ailleurs qu’il faudrait chercher des expériences similaires. C’est uniquement  la transition démocratique dans le pays, même si elle est un peu chaotique, qui permet ce genre de situations inédites.

 

Mais soit, le nouveau gouvernement n’aura aucune peine à avoir la confiance de l’ARP. Seulement, il devra faire face à trois contraintes au moins. La première, c’est qu’il sera confronté à une forte opposition de la part d’une frange importante de députés composée des blocs de Nidaa, de celui du Front populaire et de l’alliance démocratique. Dans la différence, les députés de ces trois blocs seront à l’affût de la moindre erreur pour mettre en difficulté ce gouvernement et son chef. D’un autre côté, le nouveau gouvernement composé forcément sur la base d’un dosage politique entre les différentes composantes de la nouvelle coalition, portera les stigmates de l’échec de ses prédécesseurs. Il manquera obligatoirement de solidarité et de cohésion. Enfin, le facteur temps, allié du chef du gouvernement il y a six mois, joue désormais contre le nouveau gouvernement dont la durée de vie ne devrait pas excéder douze mois tout au plus. De fait, un délai aussi court fera du prochain gouvernement, quoiqu’on dise, un gouvernement de gestion des affaires courantes.

Ce n’est donc pas sur la base de son efficience qu’il faudrait juger le prochain gouvernement, ni d’ailleurs sur la base des dividendes que pourraient récolter les différentes parties qui le composent. En effet, même le parti islamiste donne l’impression d’être le principal bénéficiaire de la situation actuelle, il n’est pas exclu qu’il soit amené dans quelques mois à assumer l’essentiel du bilan de l’action gouvernementale.

En vérité, seul le chef du gouvernement tire profit, pour le moment, du prochain gouvernement et de la nouvelle coalition gouvernementale. La crise politique concernait au départ sa présence à la tête du gouvernement. Sa manœuvre permet de détourner la crise pour la rendre une simple affaire de remaniement ministériel. Cela lui permet de gagner du temps, un exercice dans lequel il a montré une parfaite maitrise, en espérant trouver le moyen, ou bien de réintégrer la direction de Nidaa à l’occasion de son prochain congrès, ou bien de créer un nouveau parti en se basant sur le noyau composé par les députés du bloc de la coalition nationale. En dehors de ces deux scénarios, il risque de se retrouver otage du parti islamiste, hypothèse porteuse de tous les dangers pour son propre avenir politique.

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