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“J’ai vu un gamin de 12 ans qui m’a dit qu’il ne voulait plus vivre ici, rapporte l’envoyé spécial du média à Zarzis.
À la recherche d’un Eldorado illusoire, des milliers de jeunes africains empruntent les “bateaux de la mort” pour traverser la Méditerranée. Laissant tout derrière eux, ils décident désespérément de couper le cordon et confier leur argent et leur vie à des “passeurs” avec une seule idée en tête, rejoindre l’Europe à tout prix.
Un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur ces derniers temps et suscite tout de même de l’interrogation notamment du côté européen.
Pour mieux décrypter ce fléau, Europe 1 a choisi de suivre de plus près le phénomène en se rendant à Zarzis, au sud de la Tunisie.
“Les pêcheurs assistent à des départs quasi-quotidiens. Dans des barques en plastique d’à peine 5 mètres, les migrants se lancent en pleine nuit. Et à bord, ce ne sont plus des Soudanais ou des Érythréens mais des Tunisiens, parfois extrêmement jeunes” constate l’envoyé spécial de ladite chaîne.
Rien de surprenant, pour certains. Selon son témoignage, l’immigration clandestine ne se limite pas aux jeunes, ceux frappés par la dureté de la vie. Des enfants, à la fleur de l’âge, sont également tentés de traverser la méditerranée à la quête d’une avenir meilleur.
“C’est le cas de Saïd, 14 ans, qui a tenté le voyage il y a quelques jours, encouragé par ses parents, avant d’être pris en pleine tempête”. Ce jour-là, Chamseddine, un pêcheur a vu un canot rempli d’adolescents. “J’ai vu un gamin de 12 ans qui m’a dit qu’il ne voulait plus vivre ici” regrette-t-il.
Une triste réalité qui se dresse mettant en lumière le profond désespoir d’une jeunesse tunisienne.
L’inquiétude grandit d’autant plus que la Méditerranée est à nouveau terriblement meurtrière. Près de 1600 personnes sont mortes cette année, soit le double de 2017, rappelle Europe 1.
Les drames se succèdent. Cet été en Tunisie, des dizaines de jeunes ont trouvé la mort, noyés à Kerkennah, lors de la traversée de la mer Méditerranée.
Pour éviter ces incidents, l’Europe souhaiterait installer une sorte de plateforme d’accueil où les migrants viendront déposer leurs demandes d’asile avant d’être autorisés ou non à entrer en Europe.
Selon Europe 1, “l’idée doit être discutée mercredi à Salzbourg mais elle a déjà fuité avant même que les Tunisiens ne soient consultés”. En fait, ”le gouvernement tunisien s’y est d’ores et déjà opposé. Pour les Européens, c’est une façon de laisser les migrants loin de leurs frontières”, s’agace un humanitaire. Ce n’est pas une responsabilité tunisienne” révèle la même source.
Avant la révolution de 2011, 30% des Tunisiens de moins de 35 ans exprimaient le désir de migrer illégalement vers l’Europe, selon une étude du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Avec la stagnation économique, de l’inflation et d’un taux de chômage élevé, ce chiffre a grimpé à 40% en 2016.
67% des personnes qui ont quitté le sol tunisien de façon non réglementaire étaient âgées entre 20 et 30 ans. La plupart d’entre elles étaient des jeunes non diplômés, au chômage ou avec des emplois précaires.
Pour mettre fin à ce fléau, le président du FTDES a souligné l’importance de mobiliser les sociologues et les psychologues afin d’examiner les moyens de faire sortir les jeunes du désespoir et a appelé également les politiciens à créer des mécanismes pouvant attirer les jeunes et les aider à réhabiliter leur confiance en un avenir meilleur dans leur pays.
Dans ce contexte, il a fait remarquer que l’abandon scolaire et l’absence de perspectives poussent les jeunes non seulement à la migration mais aussi au suicide et à l’adhésion aux groupes terroristes.
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