Le premier pas, concret et significatif, sur le chemin de la guerre déclarée contre la corruption a été franchi. Quelques gros requins ont été attaqués et son aujourd’hui dans les filets préventifs de l’Etat avant d’être livrés à la justice pour répondre de leurs crimes de prédation, de fraude et de trafic. Des noms bien connus qui jusqu’ici ont bénéficié de l’écran de l’impunité et de la complaisance sinon la complicité de certains partis politiques, à la majorité comme à l’opposition. L’opération “Mains propres”, menée tambour battant par le gouvernement, son chef en première ligne, bénéficie d’un appui unanime, sans faille et sans précèdent. L’opinion publique nationale fait bloc derrière le gouvernement pour brasser plus large et frapper plus fort. Il ne faut pas aller de main morte !
La chasse aux prédateurs est ouverte en vertu de l’article 5 du Décret du 26 janvier 1978, régissant l’état d’urgence, aux termes duquel “le ministre de l’Intérieur peut prononcer l’assignation à résidence dans une circonscription territoriale ou une localité déterminée de toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public”. N’en déplaise aux sceptiques, aux mobiles en éventail, le coup de filet, outre sa légitimité populaire et sociale, est légale et n’accuse aucune zone d’ombre juridique. A part quelques sons de cloche à la tonalité singulière, voire même orpheline, dont les auteurs sont beaucoup plus connus pour leur discours de division et leur appel à l’émeute et à sédition que par leur contribution créative et leur force de proposition.
La chute de quelques symboles de la corruption et de la fraude a jeté un froid dans le dos de leurs complices et de leurs hommes de main ou de paille, convaincus que la boule de neige est en train de rouler et que bientôt leur cou sera sous le sabre de la loi et de l’instruction. L’onde de choc a ébranlé nombre d’institutions publiques ou privées, des tribunaux aux ministères, des juges aux avocats, des douaniers aux forces de l’ordre, des députés aux journalistes, des partis politiques aux associations de la société civile. Déjà des voix, faussement légalistes, braillent ci et là pour assimiler la descente à un “acte d’enlèvement” ou pour évoquer son “anti-constitutionnalité”. Il y en a même ceux qui estiment que le timing n’est pas opportun ou d’autres pour qui la campagne anti-corruption n’est qu’une tentative de subversion pour détourner les regards de la situation chaotique et incendiaire de Tataouine.
Aucun nid de corruption n’est désormais à l’abri, pour peu que le chef du gouvernement ne s’arrête pas en si bon chemin et ne cède pas aux pressions de toute part dont il fera certainement l’objet. Dès lors qu’il a identifié l’alternative pour lancer son opération “Mains propres” (Etat d’urgence, il est engagé politiquement et moralement à aller au bout de son idée et de sa mission. A quelques rares exceptions, elles-mêmes jusqu’au cou dans la boue de la corruption, toute la Tunisie est derrière Youssef Chahed et son gouvernement, retrouvant un nouveau souffle et un nouveau levier d’action et de séduction, dans cette guerre contre le trafic, le racket et le pillage. Nul doute qu’il s’agit d’une guerre et non d’une bataille. Quoi qu’entre soutien plein et entier et soutien conditionnel, les partis politiques ont appuyé massivement l’opération au karcher.
Il est acquis que le coup de tonnerre, dont l’opération “Mains propres” est à l’origine, a permis au gouvernement Chahed de gagner des points, de remonter la pente et de réhabiliter un tantinet le pont délabré de confiance avec le peuple. Ce n’est qu’un premier pas, le plus dur reste à venir. L’oligarchie régnant sur le système de corruption et de prédation, et quand bien même les quelques têtes décapitées, ne manquera pas d’user de tous ses atouts, sur le plan national ou étranger, et abattre toutes ses cartes pour maintenir la machine à quai et le système à flot. Autrement dit, sacrifier quelques hommes déjà grillés pour la pérennité de ce système mafieux. Pourquoi ne pas tenter de forcer la main du gouvernement pour contraindre ce dernier à se contenter de sa prise de gros poissons et, par ricochet, à lâcher ses filets et ses crochets ?! Les têtes tombées ne seraient-elles pas suffisantes pour clore le chapitre et tourner la page ?!
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