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Le Washington Post à Trump : « L’avenir du monde arabe est en Tunisie et non en Arabie saoudite »

Le président Donald Trump a terminé son périple au Moyen-Orient. Il a été traité royalement par la famille royale saoudienne à coups de cadeaux et d’éloges, et il lui a répondu en lui vendant des armes et louant sa dictature. Il s’est rendu ensuite en Israël où il a donné au premier ministre Benjamin Netanyahu tout ce qu’il aurait pu souhaiter.

Tout cela marque une distance par rapport à la politique de l’ex président Barack Obama qui n’était pas au mieux avec Riyad ou Tel Aviv. Mais au bout du compte, Obama n’a jamais vraiment rompu avec le modèle pluri-décennal de la diplomatie américaine au Moyen-Orient. Il se chamaillait avec Netanyahou, et disait peu de choses sur la démocratie qui rendait cependant furieux les alliés arabes.

Pourtant, Israël, en prenant appui sur ses vastes réseaux de soutien à l’extérieur de la Maison Blanche, a continué à en faire à sa tête. Le régime saoudien a exprimé son mécontentement des remontrances d’Obama, mais finalement, la vie suivait son cours. Le pétrole a continué à couler. Le royaume a continué à exporter ses djihadistes indésirables et ses propres préceptes virulents sur l’islam, déclare le Washington Post dans un article signé par Christian Caryl, spécialiste de la politique US au Moyen-Orient.

Ainsi même si la visite de Trump a été présentée comme un nouveau départ spectaculaire, elle n’était en réalité qu’une reprise indolente des politiques établies de longue date, plus précisément les politiques qui, en fait, ont contribué à perpétuer des dictatures corrompues, des vendettas sans fin et un dysfonctionnement latent à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Le voyage de Trump aurait dû au moins laissé entrevoir un avenir différent pour la région. Au lieu de cela, il a tout simplement rabâché l’antienne du passé.

Une « occasion fantastique » pour Trump

Si Trump continue sur cette voie, ce sera une tragédie aux proportions colossales. L’histoire a fourni à Trump une occasion fantastique pour envoyer un signal positif à une région interdite d’espoir. Et il pouvait le faire sans mettre en péril les alliances établies, ni entraîner les États-Unis dans un nouveau bourbier interventionniste. En le faisant, il pourrait asséner un grand coup à l’Etat islamique, à Al-Qaïda et tous leurs semblables dépravés sur le front qui importe le plus: celui de la politique.

Les Etats-Unis doivent aider la Tunisie, l’unique « success story » du printemps arabe. Au cours des six dernières années, les Tunisiens se sont obstinément battus pour préserver leur jeune démocratie. À bien des égards, en dépit de multiples élections et plusieurs séries de réformes, leur révolution est toujours en marche. Mais les obstacles – économiques et politiques – sont encore énormes. Et jusqu’à présent, la Tunisie n’a obtenu nulle part le soutien qu’elle mérite. Les Etats-Unis et les Européens ont, les uns et les autres, fait beaucoup moins que ce qu’ils pouvaient faire, constate le Washington Post.

Pour toutes ses difficultés, la Tunisie a une histoire exaltante à raconter non seulement à d’autres Arabes, mais aussi au monde entier. Pourtant, qui, aux Etats-Unis, a jamais entendu quoi que ce soit à ce sujet? Le président américain doit proclamer son soutien au combat mené par la Tunisie et s’y rendre en visite à la première occasion possible, recommande le quotidien washingtonien.

En outre, il devrait inciter les Européens à se joindre aux États-Unis dans l’élaboration d’un ambitieux programme d’aide. Comme l’a souligné le Conseil de l’Atlantique, basé à Washington, dans une note d’orientation, l’année dernière, les Tunisiens ont le plus clairement besoin d’ aide dans les domaines de la sécurité, du développement économique et de la promotion des institutions démocratiques. Nul besoin d’édifier une Nation. La Tunisie a déjà des institutions étatiques solides, une population politiquement engagée et même une grande génération de femmes déterminées et très instruites.

Un signal pour l’avenir

Les Tunisiens ont fait d’immenses progrès. Pourtant, leur expérience est au bord du gouffre. L’économie est plongée dans le marasme. La pauvreté et la corruption prolifèrent. Le chômage des jeunes atteint des sommets. Les élites, indéracinables, se cramponnent au pouvoir. Les extrémistes islamistes capitalisent sur le mécontentement croissant. Pour l’ensemble de ses réalisations, la Tunisie a acquis une certaine notoriété en tant que source démesurée d’envoi de combattants étrangers pour la guerre civile en Syrie.

Et le Washington Post de poursuivre : « Imaginez cependant l’impact potentiel que pourrait avoir sur la Tunisie une aide du monde extérieure pour faire face à ces problèmes. Une relance économique administrerait la preuve que les pays arabes peuvent se débrouiller sans flotter sur des mers de pétrole. Les programmes de lutte contre la corruption pourraient montrer comment remédier à l’un des maux les plus corrosifs de la région. Et la démocratisation continue offrirait une réponse dévastatrice pour les militants islamistes qui ont peur de véritables « pouvoir du peuple » plus que de toute autre chose. Une Tunisie démocratiquement réussie est la réponse non militaire la plus efficace à l’État islamique que l’on puisse imaginer. Et contrairement à la politique saoudienne de répression perpétuelle, l’exemple tunisien offrirait une chance de briser les cycles sans fin de la violence et la radicalisation ».

« L’avenir du monde arabe ne se trouve pas en Arabie Saoudite. Il se trouve en Tunisie. Trump a le choix. Il peut se ranger du côté des gouvernements qui incarnent les politiques défaillantes du passé. Ou il pourrait essayer d’envoyer un signal pour l’avenir. Il peut encore saisir la chance », conclut le Washington Post.

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