Youssef Chahed élargit ses consultations au maximum. Maintenant, ce sont les organisations et associations de la société civile (non signataires du Pacte de Carthage) qui demandent à être écoutées.
On croyait que Youssef Chahed, le chef du gouvernement désigné d’union nationale, avait clôturé, lundi dernier, ses consultations en rencontrant la délégation de Nida Tounès venue lui livrer ses propositions quant à la structuration du gouvernement.
On s’attendait également à ce que le plus jeune chef de gouvernement dans l’histoire de la Tunisie entame à partir du mardi 9 août la réception des candidats des partis aux postes ministériels.
Il s’est avéré, cependant, que Youssef Chahed a décidé d’élargir davantage ses consultations. Pas plus tard qu’hier mercredi 10 août, il a reçu le représentant en Tunisie de l’organisation Article 19 spécialisée dans le suivi de la liberté de la presse.
La rencontre intervient à la suite de celle qui a vu Youssef Chahed écouter les doléances de Néji Bghouri, président du syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), et celle de Taïeb Zahar président de l’Association des directeurs de journaux.
Et toujours dans l’objectif d’écouter tout le monde, il a conféré avec les représentants d’Al Jomhouri, Al Massar et Echaâb, les trois partis signataires du Pacte de Carthage mais qui ont annoncé leur refus de la désignation de Youssef Chahed pour former le gouvernement d’union nationale et ont décidé de ne pas participer à la deuxième étape du Pacte, celle concernant le débat sur la forme que prendra le prochain gouvernement.
Et comme l’appétit vient en mangeant et comme Youssef Chahed donne l’impression de ne fermer sa porte à personne, voilà que plusieurs associations et organisations demandent à être reçues pour faire valoir leurs approches, exposer leurs propositions et même souffler les noms des ministres qui pourraient, à leurs yeux, participer au gain des défis que le chef du gouvernement s’est juré dans sa première déclaration de remporter.
Ainsi, les organisations féminines et de jeunesse s’attendent-elles à être écoutées pour donner leurs points de vue sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre de rajeunir le gouvernement comme promis et d’y introduire le plus grand nombre possible de compétences féminines.
Idem pour les associations spécialisées dans les domaines de la lutte contre la corruption, de la préservation de l’environnement et de la réforme de l’administration. C’est le cas aussi de l’Union tunisienne des chômeurs qui estime avoir son mot à dire pour ce qui est de la résolution du problème du chômage, principalement celui des diplômés du supérieur.
Et continue la valse des noms
Et en attendant que Youssef Chahed contente tous ceux qui veulent lui prodiguer leurs conseils (la liste risque de s’allonger encore plus et le délai du 18 août qu’il s’est fixé lui-même pour révéler sa première liste pourrait ne pas être respecté), on continue à assister aux révélations savamment entretenues par ceux qui les propagent à dessein, d’une part, et, d’autre part, aux déclarations-pressions des membres de la coalition au pouvoir dont les auteurs cherchent à poser leurs conditions.
Ainsi, Yacine Brahim, le président d’Afek Tounès et actuel ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, précise-t-il : «Je ne suis candidat à aucun poste ministériel fût-t-il un pôle, et je préfère me consacrer à la gestion de mon parti».
Faouzi Abderrahmane, le secrétaire général du même parti, explique : «Nous proposerons les noms de nos candidats une fois que Youssef Chahed fixe la forme de son gouvernement et nous indiquera le nombre des ministères qui reviendront à notre parti et cette fois, nous sommes décidés à occuper le statut de partenaire effectif au sein du gouvernement d’union nationale contrairement à celui de Habib Essid où nous n’avions pas le sentiment d’appartenir réellement à la coalition quadripartite». De son côté, Néji Jalloul voudrait préserver son poste de ministre de l’Education pour «récolter les fruits de la réforme du système éducatif et préserver aussi les relations positives établies avec l’Ugtt, l’un des partenaires fondamentaux de l’élaboration de la réforme et aussi l’un des acteurs incontournables pour son application».
Volet indiscrétions, on est passé à une étape nouvelle : maintenant on confirme que tel ou tel nom intégrera sûrement et certainement le gouvernement d’union nationale.
C’est le cas de Ridha Chalghoum, le dernier ministre des Finances de Ben Ali et l’actuel conseiller économique auprès du président Caïd Essebsi. «Il sera rempalcé au Palais par Taoufik Baccar, le dernier gouverneur de la Banque centrale à l’époque du président Ben Ali», assurent les mêmes sources. On assure, d’autre part, que Khemaïs Jhinaoui et Hédi Mejdoub conserveront leurs poste aux Affaires étrangères et à l’Intérieur.
Les chances de Mohamed Trabelsi, le syndicaliste qui revient du Caire, sont de plus en plus renforcées pour remplacer Mahmoud Ben Romdhane aux Affaires sociales, Chaouki Tabib pourrait quitter l’Instance nationale de lutte contre la corruption pour occuper le poste de ministre de la Lutte contre la corruption, alors que Samira Chaouchi (UPL) est donnée candidate au poste de ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance. Quant à Saïd Aïdi, qui vit sa plus grande crise au ministère de la Santé, on ne lui a toujours pas trouvé de remplaçant.
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