vendredi , 9 juin 2023
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Enlèvement de diplomates tunisiens en Libye: la loi implacable du chantage

 

 

Dans un pays où le chaos est roi, tout est désormais permis pour atteindre son objectif. Quitte à le faire au détriment d’Etats souverains. L’incident diplomatique sera-t-il évité ?Rebelote : les ravisseurs libyens, comme si de rien n’était, reviennent à la charge, repartent à l’attaque et font comme bon leur semble. Résultat : enlèvement de pas moins de dix diplomates tunisiens cueillis, avant-hier, comme des pommes, en plein exercice de leurs fonctions au QG du consulat de Tunisie à Tripoli.

 

Dans un pays où le chaos est roi et où tous les coups sont permis, il serait stupide de chercher à savoir comment des ravisseurs ont réussi à faire irruption dans un bâtiment consulaire et à y kidnapper des diplomates.

 

Le tout au moyen de kalachnikovs.S’en étonner équivaudrait tout simplement à ignorer la triste réalité qui prévaut actuellement dans ce pays livré à une anarchie totale.Le plus important est, plutôt, de savoir deux choses : pourquoi ce rapt spectaculaire ? Et d’un. Et quels seront son issue et son impact sur les relations tuniso-libyennes ? Et de deux.

 

Casse-tête… terroristeA bien y voir, il s’agit là d’un vrai casse-tête. En effet, sans attendre les conclusions de l’enquête ou encore l’aboutissement des négociations engagées par les autorités tunisiennes avec la partie représentant les «héros» malheureux de cet attentat, on peut dire, sans risque d’exagérer, que celui-ci est une preuve éclatante de l’émergence, en Libye, de la loi implacable du chantage.

 

Une loi, souvenons-nous-en, instaurée, depuis le début du siècle écoulé, par la mafia italienne, avant d’être redoutablement développée par Oussama Ben Laden et cyniquement suivie, plus tard, par ses disciples dont le tristement célèbre patron de Daech, Aboubakr Al-Baghdadi.

 

Et comme la Libye actuelle n’est pas…Miami, cette loi ne peut y trouver, le plus naturellement du monde, qu’un terrain fertile qui autorise tous les abus. Idem pour le cas de l’espèce qui revient à dire que le rapt des dix diplomates tunisiens à Tripoli a été motivé par l’arrestation, récemment en Tunisie, du dénommé Walid Glaïeb, connu pour être un des caïds du réseau terroriste «Katibet Mosrata», auteur dudit kidnapping.

 

Selon des sources sécuritaires bien informées, ce réseau avait, dans un premier temps et pour le même motif, enlevé quelque 150 Tunisiens basés en Libye, avant de les gracier, non sans avoir obtenu la garantie de la libération de Walid Glaïeb.

 

Or, ce dernier a vu sa détention se prolonger à la prison de La Mornaguia, la justice tunisienne ayant estimé que le suspect fait l’objet de poursuites tant en Libye qu’en Tunisie pour son implication dans des affaires terroristes portant atteinte à la stabilité des deux pays. Un verdict qui a déplu à la milice de Mosrata qui n’a pas tardé à mettre le feu aux poudres, en perpétrant l’opération d’avant-hier.

 

Pour ces ravisseurs sans foi ni loi, il n’y a donc pas 36 mille solutions. La seule qu’ils exigent est celle-là : «Ou vous libérez notre caïd, ou alors malheur à vos compatriotes». Ce message, on ne peut plus clair, entre dans le droit fil du langage manifestement lâche et typiquement imprégné de l’idéologie terroriste pour qui tous les moyens sont bons pour les sales besognes, quitte à le faire au détriment d’Etats souverains.

 

Question lancinante: comment sera gérée cette affaire épineuse pour la conduite de laquelle ont été mobilisés à la fois les présidences de la République et du gouvernement et les ministères des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense ?

 

Mutisme pour le moment, mais aussi un vrai dilemme, dans la mesure où on est devant un face-à-face entre un Etat (la Tunisie) orgueilleux de sa souveraineté et défenseur acharné de ses citoyens, et un réseau  jihadiste qui, on le sait, de tradition, n’hésite pas à tuer ses otages, si ses conditions, si impossibles soient-elles, ne venaient pas à être honorées.

 

Il est donc clair que personne en ce moment ne souhaiterait être à la place de nos gouvernants en charge de cette crise d’une ampleur et d’une gravité sans précédent. Comment se résoudront-ils à l’expédier ? Tiendront-ils le coup, en gagnant du temps en vue de l’essoufflement, puis de l’abdication de «l’ennemi» ?

 

Ou alors finiront-ils par céder aux exigences des ravisseurs et par là au souhait des familles des otages ?Cette dernière hypothèse serait non seulement synonyme d’un frein à un incident diplomatique entre les deux pays, mais aussi, qu’on le veille ou pas, une porte ouverte à d’autres remakes de cet attentat, car, ne l’oublions surtout pas, on compte encore des dizaines de milliers de Tunisiens basés en Libye et qui sont des proies faciles pour les dizaines de factions jihadistes sévissant aujourd’hui en toute impunité dans ce pays de tous les dangers.

 

 

 

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