Poursuite, hier, de la fronde générale à Dhehiba et Ben Guerdane dans l’attente de la grève générale décrétée pour aujourd’hui par les unions régionales de l’Ugtt, l’Utica et l’Utap. Les revendications concernant l’emploi des jeunes et la réalisation des projets gelés cachent, en réalité, une orchestration qui ne dit pas son nom menée par les terroristes et la mafia de la contrebande essayant de sortir de l’étau dans lequel ils se trouvent
La tension qui règne dans la région de Tataouine à la suite des heurts ayant opposé les forces de sécurité aux citoyens de Dhehiba protestant contre la mort d’un manifestant n’est pas près de se calmer en dépit des promesses exprimées par le gouvernement de trouver une solution à la crise née, semble-t-il, de premier abord à la suite de la décision des autorités libyennes d’imposer une taxe de sortie aux Tunisiens se rendant en Libye en réaction à celle décidée par la Tunisie à l’encontre des Libyens visitant notre pays.
Hier, les syndicalistes de l’Ugtt, les représentants de l’Utica et de l’Utap dans le gouvernorat de Tataouine ont décidé de déclencher aujourd’hui, une grève générale en signe de protestation contre la manière avec laquelle les forces de sécurité ont fait face aux manifestants qui ont mis le feu à un poste de la Garde nationale.
Les manifestations se sont soldées par la mort d’un jeune parmi les manifestants à Dhehiba lors des offrontements avec les unités de sécurité.
Les unions régionales de l‘Ugtt, de l’Utica et de l’Utap ont publié un communiqué conjoint dans lequel elles ont appelé «à l’ouverture d’une enquête sur la mort du jeune manifestant et à la réunion d’un Conseil ministériel pour examiner les dossiers en suspens».
Et ces dossiers concernent, comme l’ont précisé hier sur plusieurs chaînes radiophoniques, les initiateurs du mouvement, l’emploi des jeunes encore au chômage, l’aménagement de zones industrielles dans le gouvernorat, la dynamisation des projets de développement décidés par les gouvernements sortants et qui sont encore gelés et l’instauration d’une approche de développement régional répondant aux attentes des citoyens du gouvernorat et prenant en considération les spécificités du même gouvernorat.
Les négociations se poursuivent
A Ben Guerdane, les mécontents ont repris, hier, leur mouvement de protestation et l’on parle, du côté de l’Union locale du travail relevant de l’Ugtt, d’une grève générale aujourd’hui bien que les négociations se poursuivent encore entre les députés de la région et des responsables libyens dans le but de trouver une solution à la crise.
Ces négociations ont pour objectif «d’accélérer la reprise des activités commerciales entre les deux pays au niveau des points de passage Dhehiba-Wazen à Tataouine et Ras Jedir dans le gouvernorat de Médenine».
Sur un autre plan, certaines informations ont circulé, hier après-midi, sur les réseaux sociaux, désormais au courant de tout et parfois bien avant les services de presse des ministères concernés. Selon ces indiscrétions, le gouvernement aurait accepté de geler l’application de la taxe imposée aux Libyens visitant la Tunisie.
Et si les informations qui ont accompagné jusqu’ici le déroulement des évènements depuis samedi dernier se sont intéressées aux actes de violence et à la riposte des forces de sécurité, personne ne s’est posé la question : qui est derrière cette fronde ? Le retour aux incendies des postes sécuritaires a-t-il un rapport quelconque avec les opérations menées ces derniers jours par les forces antiterroristes qui ont réussi à démasquer plusieurs cellules terroristes dormantes et ont réalisé un joli coup de filet en arrêtant le week-end dernier quelque 34 terroristes qui s’apprêtaient à perpétrer des opérations criminelles d’envergure dont la plus grave consistait à faire exploser le siège du ministère de l’Intérieur à l’avenue Habib-Bourguiba.
Quand on exige un emploi, on ne brûle pas un poste de sécurité
Pour Badra Gaâloul, présidente du Centre international des études stratégiques, sécuritaires et militaires, «quand on exige un emploi, on ne brûle pas un poste sécuritaire. On organise plutôt un sit-in devant le siège du gouvernorat et on interpelle le gouverneur pour lui demander de faire entendre nos voix et nos revendications auprès des autorités centrales».
«Il est clair, ajoute-t-elle, que les dernières réussites de la brigade antiterroriste sont derrière ces actes de violence à Dhehiba et à Ben Guerdane. L’étouffement des barons de la contrebande, les alliés naturels des terroristes, les a obligés à orchestrer la fronde sous le prétexte d’exiger l’emploi des jeunes afin d’éparpiller les efforts des forces de sécurité. Il ne faut pas oublier également que les takfiristes vivent un mauvais quart d’heure en Irak dans l’attente du déclenchement de la guerre terrestre par les forces de l’Alliance internationale qui se prépare à déclencher les attaques d’un moment à l’autre. Et les déclarations des takfiristes sont on ne peut plus claires et précises, puisqu’ils répètent que l’Afrique du Nord et les pays du Sahel constituent leur arrière-garde en vue de faire face à l’Alliance internationale. Donc, l’opération de Dhehiba est étroitement liée à leurs plans à court et à moyen termes».
Quant au ministère de l’Intérieur, «il continue malheureusement à opérer au jour le jour et nous attendons toujours la mise en place d’une stratégie intégrale de lutte contre le terrorisme. Nous ne désespérons pas au niveau des associations de la société civile spécialisées en la matière de voir le ministère nous écouter et nous faire associer à l’élaboration de cette stratégie tant attendue», conclut-elle.
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